Sont décrits ici les jours 8 et 9, de Chiang Maï à Cha Am, avec une nuit passée dans le train entre les villes de Chiang Maï et Bangkok, séparées de 700 km. Quand j’écris ces lignes (22 mai) l’armée thaïlandaise instaure la loi martiale, mais ce n’est pas un coup d’état, dit-elle. Les subtilités de langage des militaires de tous les pays nous surprendront toujours. Dès le lendemain (23 mai) le coup d’état est formulé et les principaux dirigeants civils du pays « convoqués » par l’armée. Durant notre séjour nous n’avons rien remarqué de la tension régnant en Thaïlande depuis novembre 2013 pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les « chemises jaunes » , réclamant la destitution de la première ministre, trop inféodée à son frère en exil car accusé de corruption et qui la précéda à la tête du gouvernement, se localisent principalement dans le sud du pays, que justement nous ne parcourûmes pas. De plus, dans la ville de Bangkok les manifestants ne se regroupaient, paraît-il, qu’en certains endroits stratégiques, du moins pendant notre période de visite, et notre passage à Bangkok fut trop court pour découvrir tous les quartiers de la ville, comme on le verra dans le récit des deux derniers jours. Enfin, les « chemises rouges« , soutien du gouvernement en place, se concentrent plutôt dans le nord du pays et ne perturbent bien sûr pas la tranquillité de l’économie locale tournée vers le tourisme. Aucun impact donc de l’agitation du moment sur notre découverte du nord du pays. Une ou deux fois nous avons questionné personnellement notre guide Wat sur la situation politique de son pays mais dans sa réponse il n’entra jamais dans les détails, la résumant à des actions ponctuelles et cadrées dans la seule ville de Bangkok, sans nous détailler les raisons profondes de ces affrontements.
Jour 8 : dimanche 06 avril (de Chiang Maï à Bangkok).
Matinée consacrée à Elephant Park de Chiang Dao à une heure de route , camp d’entraînement au travail des éléphants. Bien que l’exploitation des éléphants dans les forêts soit interdite depuis 1990 on estime que près de 10 % d’entre eux travaillent encore de façon illégale. La grande majorité du groupe participe à la promenade à dos d’éléphant – deux personnes plus le cornac par éléphant. En 45 minutes s’effectuent les traversées de la rivière et de la forêt pour un parcours exotique mais cahotant, assez difficile pour certaines personnes souffrant déjà du dos. Avant d’assister à la démonstration des éléphants la visite du camp se poursuit dans une charrette tirée par des vaches indiennes ou des zébus aux cornes remarquées. Pour ceux qui ne s’étaient pas inscrits à ces deux raids le camp se découvre à pied : boutiques, café, rizière attenante. Puis vient l’exhibition des éléphants allégés de leurs passagers mais dirigés par leur cornac. Jeu d’adresse avec un ballon rond : shoot avec une patte de devant, prise du ballon par la trompe pour l’envoyer ensuite derrière et le botter de nouveau avec une patte arrière. Sons musicaux à l’aide d’un harmonica. Maniement de troncs d’arbres (brindilles pour eux !) : pousser, soulever, ranger en pile. Arrosage des spectateurs (on pouvait s’y attendre) par la trompe. Participation forcée d’un observateur à qui on ôte le chapeau avant de lui rendre en espérant une pièce de remerciement. Marche du troupeau en file indienne, la trompe reliée à la queue du précédent. Au commandement du cornac, lever une patte et saluer en barrissant. Saisir avec la trompe un billet dans la main d’un touriste et le donner à son cornac derrière, sur son dos. Enfin le top : trois éléphants capables de peindre en même temps, en changeant de pinceau quand il faut, un arbre au tronc noir, avec quelques feuilles colorées et une esquisse d’éléphant assis vu de dos. L’un d’eux termine son tableau par sa signature (Suda). Évidemment ces peintures sont proposées en vente dans les boutiques du camp.
Photos 195 à 199 : Élephant Park
Dans l’après-midi nous visitons plusieurs ensembles artisanaux d’état, selon le même processus : démonstration du savoir faire puis vente. Successivement nous pouvons apprécier et découvrir le travail du teck, la fabrication des ombrelles – en papier, en soie ou en coton – la variété des objets proposés en maroquinerie, les nombreuses espèces et couleurs d’une plantation d’orchidées – avec possibilité d’en emporter.
Durant ces deux jours passés dans la région de Chiang Maï un caméraman professionnel a filmé le groupe, depuis son arrivée à l’hôtel jusqu’à la visite du camp d’éléphants. Pendant le déplacement en bus nous visionnons le DVD qu’il en a tiré. Ce DVD et un autre – documentaire sur la Thaïlande – sont vendus 1000 bahts (25 €).
A 16 h le bus nous laisse à la gare ferroviaire de Chiang Maï pour un départ vers 17 h et un voyage de nuit qui nous mènera en train couchettes, climatisé, jusqu’à Bangkok. Pendant ce temps le chauffeur et son assistant referont les 700 km en bus. Les quarante personnes constituant notre groupe occupent un wagon entier, constitué d’un couloir central avec des boxes 2×2. Marie nous incite à la suivre dans des jeux de mimes tournés autour des gens ou des événements de notre séjour thaï. Nous dégustons les sandwiches copieux préparés par Wat. A la demande générale d’une personne (Maddy) Paul, Hélène et moi entamons deux chansons du « pays » – ce qui ne veut pas dire qu’au bout de huit jours la nostalgie nous étreint déjà – : « se canti » et « derrière chez moi il y a une montagne ». Le personnel installe les couchettes à 22 h et, après une nuit calme, sans secousses,sans bruit, à vitesse modérée, nous arrivons sur Bangkok à 5h45.
Photos 200 et 201 : Dans le train, le traintrain plein d’entrain de Maddy et Odile.
Jour 9 : lundi 07 avril (de Bangkok à Cha Am).
Le bus nous attend à la gare de Bangkok pour nous mener au Royal River – celui de notre premier jour en Thaïlande – où nous récupérons de cette nuit ferrée par les douches et petits déjeuners d’usage avant de partir pour la station balnéaire de Cha Am, située à 180 km à l’ouest de Bangkok, où nous resterons deux nuits. Au cours de ce voyage avec deux arrêts, dont celui du déjeuner dans un self, chaque binôme du groupe discute des montants à verser au guide, au chauffeur, à son assistant. Dans sa brochure, Pro-Btp suggérait des tarifs, différents selon la personne concernée. Quelques différences avec ces recommandations apparaissent d’un duo à l’autre. Nous arrivons au Regent Cha Am Beach et son verre d’accueil vers 15 h. À partir de ce moment nous avons quartier libre (youpee !) pour la soirée et la journée du lendemain. Dorénavant, à part le petit déjeuner du matin, les frais de restauration sont à notre charge. L’ immense hôtel se dresse en bord de mer et dispose d’une piscine : la température voisinant des 35°, ces proximités aquatiques nous ravissent.
Photos 202 et 203 (de Mayie Etchepare) : Hôtel, piscine et mer au loin.
Premiers pas dans la plage pour certains, premiers plongeons dans la piscine pour d’autres, quelques emplettes dans une supérette proche et apéro au bar de l’hôtel, avant de monter dans une navette qui nous conduit à la grande ville voisine de Hua Hi distante de 20 km. Nous partons avec une dizaine de membres de Btp Pro pour l’entrée du marché nocturne de Hua Hi. Du fait de la température élevée dans la journée bon nombre de commerces n’ouvrent qu’en fin d’après-midi et servent tard dans la nuit. Dans ce marché on côtoie une foule dense où, pour une fois, les touristes ne sont pas majoritaires. De nombreux petits étals très variés attirent notre attention : habillements divers comme pantalons,chapeaux, tongs, bibelots, massages en plein air devant les passants … Hélène et Odile consultent un costumier sur mesure (lin) et envisagent d’y revenir le lendemain avec Maddy mais l’emploi du temps sera finalement autre. On s’installe devant un des bouis-bouis typiques en plein air où les mets se grillent devant le client. Pour nous il s’agira de calamars et brochettes de poulet. On baigne dans le brouhaha, l’animation, les couleurs, les odeurs caractéristiques de ce genre de marché. Enfin une certaine authenticité ! Retour à notre hôtel par la navette (200 bahts aller-retour par personne : 5 €).
Fin de la quatrième partie