La troisième partie de notre périple thaïlandais balaie les jours 6 et 7, de Chiang Raï à Chiang Maï. On rejoint l’extrême-Nord du pays et son fameux Triangle d’Or avant de redescendre sur Chiang Maï où nous passerons deux nuits.
Jour 6 : vendredi 04 avril (de Chiang Raï à Chiang Maï)
Dès 7h du matin nous nous nous installons dans des pirogues à moteur, à fond plat (par groupes de 6 personnes). Nous remontons durant une demi-heure le fleuve Kok, sur une vingtaine de km ; le Kok se jette dans le Mékong 60 km plus bas (j’intercale très rarement des points-virgules, sûrement sous l’influence de Cavanna qui les détestait et ne comprenait pas leur utilité). Sur les bords de la rivière s’étalent des paillotes de toits en paille de riz, vides à cette heure matinale mais utilisées comme restaurants dans la journée.
Photos 123 à 129 : Quelques vues du Kok et de ses rives.
A la descente de la pirogue le bus nous reprend pour nous mener en une demi-heure à une station de 4×4 située à 32 km de la Birmanie, afin de nous rendre ensuite dans ce qu’on nous annonce comme 3 villages montagnards. Auparavant nous traversons divers champs d’arbres fruitiers : cacahuètes, cocos, bananes. Nous passons sans être arrêtés un poste de contrôle de police : la recherche éventuelle de drogue est la cause de ce contrôle. Les taxis collectifs (8 personnes au maximum) nous emmènent dans un village isolé, perché dans la montagne, où se succèdent 3 communautés dont les habitants servent d’appâts aux touristes grâce à leur savoir faire artisanal, comme le tissage. Pas de vie villageoise réelle comme on l’espérait mais une exposition de montagnards costumés et souriants, certains d’origines tibétaine ou chinoise, afin d’attirer les photos et les achats des touristes que nous sommes. L’attraction principale demeure la femme-girafe, mais aussi l’enfant (fille exclusivement bien sûr)- girafe. Le regard perdu et la mine triste de certaines gamines bouleversent quelques un(e)s d’entre nous mais d’autres acceptent de se faire photographier à leurs côtés. Dès l’âge de 6 ans elles portent des anneaux de laiton autour du cou mais aussi parfois autour des bras ou des jambes. Au fil des ans on allonge cette spirale qui, à l’âge adulte, atteint 30 cm de longueur pour une masse de 5 kg. Devant un tel spectacle, je me mets à imaginer ce que pourraient devenir des villages de nos vallées pyrénéennes, Lescun par exemple, si le tout tourisme devait étouffer la vie pastorale d’aujourd’hui : zoo humain attractif où s’exhiberaient des personnages habillés en paysans (d’autrefois bien sûr) avec en prime l’ours qu’on aurait sauvegardé.
Photos 130 à 146 : Clichés du village montagnard.
La route du bus continue ensuite vers le Nord, nous permettant de découvrir les forêts de teck centenaires, les plantations de tabac, les villas somptueuses des milliardaires locaux enrichis par le trafic d’opium tiré des plantations voisines de pavot.
Nous atteignons enfin le Triangle d’Or bordant le Mékong. Avec ses 4000 km en partant des hauts plateaux tibétains, le Mékong constitue un des plus grands fleuves d’Asie. Il sépare la Thaïlande du Laos sur plus de 600 km.
Triangle car point de rencontre de 3 pays : Thaïlande, Laos, Myanmar (Birmanie).
D’Or car les Chinois, responsables de l’implantation du pavot dans la région, vendaient l’opium en échange d’or exclusivement. La moitié de la production mondiale d’opium provient de cette région commune aux 3 pays. La Chine se situe à 260 km de là. Sur l’autre rive du Mékong, au Laos, nous apercevons un stade où se déroulent encore des combats de chiens et de coqs (pas ensemble). Après quelques achats d’objets artisanaux,les inévitables photos devant la pancarte indiquant le Triangle d’Or et le déjeuner en bord du fleuve, face à un casino laotien, nous redescendons vers le Sud pour rejoindre la grande ville de Chiang Maï. Durant cette étape nous est projeté un film romancé et romantique sur l’histoire réelle d’un ancien roi de Thaïlande, trahi par des courtisans alliés aux méchants Birmans (ça rime, le Birman ne peut-être que méchant). Route sinueuse en montagne et pluie violente : cela suffit pour provoquer plusieurs accidents avec voitures retournées dans le fossé et corps allongés sur des civières. Notre chauffeur, particulièrement habile, échappera tout au long de notre voyage de dix jours à tout incident ou accrochage.
Photos 147 à 155 : Vues du Triangle d’Or
Alors que nous apercevons au loin le plus haut pic des environs (2600 m) la ville de Chiang Maï se dessine peu à peu : deuxième ville du pays avec ses 250000 habitants, surnommée ville des fêtes et des motos, mais aussi « la ville aux mille temples ». Demain nous visiterons trois des 300 temples encore en activité.
Le personnel de l’hôtel nous attend avec des fleurs et une boisson fraîche avant le repas classique et une soirée calme succédant à une journée plutôt harassante.
Photos 156 à 158 : Notre hôtel de Chiang Maï
Jour 7 : samedi 05 avril (autour de Chiang Maï)
Comme nous résidons deux soirs de suite dans le même hôtel il est inutile de transposer les bagages dans le bus et, pour la première fois, le lever s’effectue une heure plus tard que d’habitude, soit 7 h. La journée débute par la visite du temple Wat Phra Doi Suthep, à 16 km de Chiang Maï, situé en pleine montagne (1000 m d’altitude), dont l’accès nécessite de gravir un escalier aux nagas (serpents), de 306 marches – un funiculaire permet aux personnes moins sportives de nous rejoindre. En plus des habituelles statues de Bouddhas on peut photographier celles du prêtre et de l’éléphant blanc dont nous résumons la légende. La relique sainte du Bouddha, ramenée parle moine Sumana en autre temple, Wat Suan Dok, se cassa en deux morceaux lors de sa chute. Le moine plaça l’un des deux morceaux dans un palanquin, sur le dos d’un éléphant blanc qu’on laissa errer à sa guise, le roi et sa cour suivant derrière. L’éléphant gravit la montagne et s’arrêta à l’ermitage Wasuthep. Il barrit trois fois, tourna sur lui même trois fois et s’effondra, mort. En cet endroit le roi fit construire un chedi doré pour y abriter la relique et le site sera régulièrement embelli par les souverains successifs. Le monastère devient alors le plus vénéré du nord du pays , visité par des pèlerins du monde entier. Autour du chedi doré entouré de quatre parasols, on admire les galeries et sanctuaires ainsi qu’un alignement de cloches qui portent chance à ceux qui les font tinter.
Photos 159 à 178 : Le Wat Phra Doi Suteh et ses 306 marches, ses cloches, les statues de l’Éléphant Blanc et du prêtre Sumana, son chedi doré.
La deuxième partie de la journée concerne trois visites d’entreprises artisanales avec une démonstration puis l’ouverture sur le magasin où le visiteur est attendu et cajolé. Une fabrique de bijoux nous ouvre d’abord ses portes : film montrant la manière d’extraire les pierres précieuses, dans une contrée du sud-est de la Thaïlande, puis achats possibles de bagues, colliers et autres bijoux en rubis, améthyste, quartz… Le deuxième arrêt s’effectue dans une entreprise de laque. Un exposé plein d’humour, ce qui nous surprend pour sa rareté, nous initie aux étapes successives, peinture, séchage, polissage, ponçage, suivant le support et le produit ajouté (peinture, feuille d’or … ). La vente d’objets laqués de toute beauté suit, bien sûr, cette démonstration. Enfin la fabrication de la soie mobilise toute notre attention et notre étonnement. Les différentes étapes de la vie du ver à soie apparaissent dans des compartiments successifs puis nous visitons l’atelier de fabrication et le magasin de ventes de foulards, chemises … Dans ces trois magasins d’état visités les prix des objets affichés ne peuvent pas être sujets à marchandage.
Photos 179 à 186 : Artisanat à Chiang Maï
Après le déjeuner à l’hôtel la visite de Chiang Maï se poursuit en tuk-tuk (pour deux personnes, soit une vingtaine d’engins pour notre groupe). La découverte de la ville dure une heure environ, dans le trafic intense des nombreuses motos et autos, dans les diverses fumées inhalées car le tuk-tuk se déplace à ras du sol, grand ouvert sur les côtés. Selon le quartier traversé on observe des différences dans la tenue des boutiques et des habitations. Deux arrêts agrémentent ce périple citadin. Au marché aux fleurs et aux fruits on nous offre individuellement un collier de jasmin. Puis nous découvrons un temple : le Wat Chedi Luang. A l’intérieur se déroule une cérémonie d’initiation de jeunes moines. Dès l’âge de trois ans les fils de familles pauvres qui ne pourraient pas se payer des études sont pris en mains par la communauté bouddhique qui leur assure l’éducation – jusqu’à l’âge de six ans paraît-il. De nombreuse dorures illuminent ce wat, comme tous les monastères visités précédemment. Derrière le temple on en contourne un autre, inutilisé pour le culte semble-t-il, victime d’un tremblement de terre il y a 500 ans et qui en garde les traces. Petite curiosité : en effectuant le tour de ces deux temples on longe un cabanon en dur dans lequel une urne recueille l’argent réservé à la nourriture des chiens errants, que l’on rencontre effectivement de temps en temps.
Photos 187 à 189 : Wat Chedi Luang
Le repas du soir se tient dans un resto sélect au menu unique et en partie inédit. Ainsi nous découvrons le riz gluant qui se déguste … avec le doigts, une petite écuelle pleine d’eau permettant de se rincer les doigts. L’intitulé de ce dîner, Kantoke, tire son nom du plateau de bois sur lequel se présentent des spécialités de la région avec le riz gluant. En même temps se déroule un spectacle musical et dansant, impulsé par de jeunes personnes dynamiques : 5 musiciens et 6 danseuses. Ils interprètent des danses du folklore montagnard, scènes décrivant divers métiers ou coutumes, comme le tissage de la soie, le ramassage du thé, la préparation à un combat … Première curiosité dans ce spectacle avec un grand tambour tenu verticalement par deux gars et frappé par un troisième à l’aide de diverses parties du corps : mains, avants-bras, tête, dos, genou … Deuxième curiosité quand, pour la dernière danse, les danseuses invitent quelques spectateurs à … monter sur scène et suivre leurs mouvements. Je fais partie des « invités ». Prestation remarquée par les tables du restaurant, à défaut d’être remarquable. Efforts de mobilité des mains et des doigts (caractéristiques de ces danses), en essayant de copier sur les danseuse locales, mais avec toujours un petit retard. Corps en mouvement alors qu’il devrait rester droit … En tout cas, à la descente de l’estrade, pas mal de commentaires se voulant élogieux mais où je percevais un fond d’ironie. Cet épisode figure, sans aucune gratification, dans le film tourné par un photographe professionnel qui nous suivit durant les deux journées consacrées à Chiang Maï.
Photos 190 et 191 : Marché aux fleurs de Chiang Maï
Photos 192 à 194 : Repas dansant
Fin de la troisième partie