En novembre 2015 j’ai intégré la troupe béarnaise de théâtre d’Issor (entre vallée de Barétous et vallée d’Aspe) : los Mosquilhós. Dans un premier temps je regroupe les informations que j’ai relevées durant 4 ans concernant les représentations de la troupe (date, lieu, titre de la pièce, résumé de celle-ci …). Puis j’en collecterai d’autres auprès de Janine Cazaurang, fondatrice et metteur en scène du groupe, pour les années antérieures à 2015.
A l’heure où je commence à écrire ces lignes (17 mars 2020) nous sommes en confinement du fait du coronavirus qui se propage dans le monde entier. La troupe avait au moins 3 représentations prévues entre avril et juillet 2020. Elles sont annulées mais je les citerai un peu plus loin.
La composition de la troupe.
Sous la direction de Janine Cazaurang (Issor), dont le rôle historique est rappelé dans des articles de presse cités dans le dernier paragraphe de cet article, 8 « acteurs » ont participé à l’activité de la troupe durant ces quatre dernières années : Lili Gonzalez (Issor), Mijo Portello (Issor), Françoise Navarro (Féas), Anne-Marie Texier (Issor), Solange Maté (Aramits), André Lapeyre (Oloron), Miquèu Estanguet (Gurmençon) et Michel Berdot (Saint-Pée). On ajoutera Lionel Garnier qui dut malheureusement quitter le groupe en 2016 pour raisons familiales. La plupart de ces comédiens opéraient déjà avant 2016.
Durant cette période 2016 à 2019, on peut estimer autour de 110 le nombre de répétitions. On pourrait y ajouter les réunions de préparation, toujours pleines d’entrain : les vignobles de Jurançon ne sont pas loin.
Titres des pièces jouées entre début 2016 et fin 2019.
Durant ces quatre années pleines (2016-2017-2018-2019) la troupe a joué en public 8 pièces lors de 27 représentations. Voici les titres de ces pièces, le nombre d’interprétations pour chacune d’elles et l’auteur de la pièce.
Robèrt torna tà l’escòla (14) de Jan Bosquet
Lo congelator (12) de Jan Bosquet
Los envitats (4) de Jan deu Pradeu
La règla de tres (3)
La mamá esmalida (2) de Georges Sautier
Lo hromatge (4) de Jan deu Pradeu
L’arrastèth (2) de Miquèu Grosclaude
Lo petit paradís (le gîte rural) (9) de Georges Sautier
Au total donc 50 « montées sur scène ».
Les représentations des Mosquilhós (dates et lieux).
Dans le tableau qui suit apparaissent la date et le lieu de chaque représentation.
Lors de certaines de ces soirées (ou après-midi) los Mosquilhós partagèrent le spectacle avec d’autres intervenants : chanteurs, conteur, comédiens.
Ainsi en janvier 2016 à Issor avec deux jeunes filles clowns interprétant « le téléphone » et le conteur Sergi Mauhourat, en novembre 2016 à Cardesse, avec le groupe los Esbarrits et les deux clowns pour « le téléphone », en juin 2017 à Issor avec le duo de chanteurs de Trauca Segas (Françoise Pedezert et Jan Lahitette), en octobre 2017 à Issor avec deux groupes vocaux de Toulouse, Clandestina (chanteuses exclusivement) et Tolosa Cantera (groupe mixte), en mars 2019 à Oloron avec la Samaritaine et en mai 2019 à Issor avec le groupe d’Eysus.
Comme je le dis plus haut, le premier semestre de l’année 2020 n’a donné lieu à aucune représentation du fait de la pandémie du coronavirus qui obligea la population au confinement et annula par conséquent toutes les activités sportives et culturelles comme les répétitions et les spectacles en public. Pour notre part il fallut donc renoncer à au moins deux présences : au Festival des Vallées, prévu le 25 avril dans la salle Jéliote d’Oloron, pour « Robèrt torna tà l’escòla« , ainsi que les journées théâtrales de Gan, le 04 juillet, pour « lo petit paradís« .
Les résumés des pièces jouées.
Pour quelques pièces je présente un résumé en Français et aussi en Béarnais-Occitan. En encadré je rajoute l’interprète habituel du rôle ; parfois un(e) autre comédien(ne) dut prendre momentanément le rôle d’un(e) absent(e).
Robèrt torna tà l’escòla (Robert retourne à l’école).
Personnages : Robert (paysan) [Miquèu], Simone (sa femme) [Françoise], le Maire du village [Lili], l’Inspecteur de l’Éducation Nationale [Lionel puis Michel], l’Institutrice [Mijo], Mémé [Anne-Marie].
Quelques passages en Français (Inspecteur et Institutrice).
Tà poder beneficiar d’ua subvencion exceptionau, Robèrt, un paisan biarnès, qu’a de passar lo Certificat de los Estudis Primàris, davant l’Inspector d’Academia. Qu’ei encoratjat per la soa hemna Simòna, per lo Maire deu vilatge e per la Régenta. Maugrat las soas responsas bahurlèras e a còps fantasosas l’Inspector que da lo preciós diploma ad aqueth candidat plan simpatic. Mes ua suspresa finau acaba aquera hèsta.
S’il veut pouvoir bénéficier d’une subvention exceptionnelle allouée aux Agriculteurs, à certaines conditions, Robert se voit obligé de passer le Certificat d’Études Primaires. Le Maire du village persuade l’Institutrice de rafraîchir les connaissances scolaires de Robert, avant que l’Inspecteur d’ Académie accepte de faire passer l’examen dans l’école du village. Les réponses du candidats’avèrent étonnantes, pour ne pas dire parfois fantaisistes, mais l’Inspecteur se laisse convaincre, par sympathie, et accorde le précieux diplôme, avant qu’un événement final ne perturbe l’ambiance de la collectivité.
Lo congelator (le congélateur).
Personnages : Robèrt, paysan de 40 ans [Michel], Maria, sa femme, même âge [Solange], Jaques, un voisin [Mijo], le représentant en machines frigorifiques [Lionel puis André].
Quelques passages en Français (Commercial).
Maria qu’aimaré plan crompar un frigidari, com lo de la soa vesia, Simòna. Mes Robèrt, lo son omi, ne ved pas en purmèr perqué e caleré crompar aqueth aparelh. Un còp aver plan pleitejat dab un venedor, Maria qu’arriba a convéncer a Robèrt de crompar … un congelator ! La lutz alucada dehens lo congelator que chepica hòrt lo monde dinca crear ua situacion comica e de las mei estonantas.
Pour conserver ses aliments au frais, Maria désirerait un frigo, d’autant plus que sa voisine Simone en dispose d’un. Mais son mari Robert ne comprend pas tout de suite l’utilité d’un tel achat. La visite d’un représentant bouleverse tout : il réussit à convaincre Marie, seule, de l’achat d’un … congélateur et Marie à son tour entraîne Robert. La lumière incluse à l’intérieur du congélateur intrigue tout le monde et va engendrer une situation finale inattendue et … comique.
Los envitats (les invités).
Personnages : Amelia [Françoise] et son mari Pierrilhòt [Miquèu].
Tout en Béarnais.
Une invitation à une fête aussi importante qu’un mariage n’est pas rien en Béarn ! Un couple d’invités se prépare avec soin pour l’événement. Mais Monsieur traîne et Madame contrôle l’heure avec anxiété, le houspille … jusqu’à la scène de ménage grand format.
Était-ce bien la peine, si l’on d’est contenté de regarder l’heure, seulement, sur le carton d’invitation ?!
La règla de tres (la règle de trois).
Personnages : Histoire d’un curé et de deux paroissiennes, contée par une personne [Mijo].
En Français et en Béarnais.
Le curé Magnelou, un gourmand, est invité à déjeuner pour un pèle-porc. Il est donc très pressé d’en finir avec les confessions du jour. A son grand dam, une paroissienne l’arrête au moment où il quittait précipitamment l’église. Impatient, il la confesse de … sept adultères (!) et réfléchit vite à sa pénitence :
« Vous me ferez cinq Pater et cinq Ave ! » et, ouf, il peut enfin partir à son déjeuner.
Mais une autre villageoise, une dame « très bien », l’arrête encore. De plus en plus impatient, il l’entend se confesser de … quatre adultères (!). Vite, vite, lui donner sa pénitence et partir enfin … Mais, pour sept, il adonné cinq Pater et cinq Ave, donc pour quatre, cela fait … ? Et il n’a plus le temps de faire une règle de trois ! Alors, arrondissons ?!
La mamà esmalida (la mère courroucée).
Personnages : la mamà [Solange], son fils Julien [Miquèu] et une vieille voisine [Françoise].
Tout en Béarnais.
Julien, malheureux et prostré, subit le flot ininterrompu de sarcasmes de sa mère contre » la Sofia », sa femme : en effet, celle-ci vient de repartir dans sa maison natale, après trois années de mariage avec Julien. La mère en fait tant, en dit tant sur sa belle-fille, qu’on imagine aisément ce qu’a dû vivre la bru : le fils, alors, peut lui aussi comprendre et finalement … le résultat du courroux de la mère est à l’inverse de celui escompté … Sans rancune et pour le bonheur de tous !
Lo hromatge (le fromage).
Personnages : Amelia (bonne du curé) [Lili] et Jantin (paysan-braconnier) [Michel].
Tout en Béarnais.
Jantin, eth paisan braconaire, aufre ua lèbe au curè de son vilatge. Entà ‘u remerciar, Amelia, la goja deu curè, envita Jantin a minjar un tròç de hromatge e entamia un hromatge sancèr. Jantin l’estima èra e, tot en parlar dab Amelia, que s’en minja près de la mieitat. Amelia, drin contrariada, qu’u dit que de minjar tròp de hromatge au còp pòt har vader … mut ! Quan enten açò Jantin que’s pren çò qui demora deu tròç ta’u balhar a … la soa hemna.
Jantin offre un lièvre destiné au curé du village. Pour le remercier, Amélie, la bonne du curé, l’invite à casser la croûte et pour cela entame un fromage entier. Jantin l’apprécie beaucoup et, tout en parlant avec Amélie, en mange pas loin de la moitié. Un peu contrariée, celle-ci lui dit que manger trop de fromage d’un coup peut rendre … muet ! En entendant cela Jantin s’emporte ce qui reste du fromage , qu’il destine à … sa femme.
L’arrastèth (le râteau).
Personnages : 3 villageoises (Mariòta, Janeta, Pauleta) [Solange, Françoise, Lili], Pèir |Michel], 2 femmes [Mijo et Anne-Marie] et un homme [André] (non nommés), et le citadin Bernat [Miquèu].
Quelques passages en Français.
Un enfant du pays, jeune étudiant exilé « à la ville », revient au village. Il a oublié, renié, sa langue maternelle et sa propre culture. Alors qu’il attend son train de retour pour la « capitale », il est reconnu par les villageois qu’il feint d’ignorer et qui se mettent à le railler …
Mais un coup de manche bienvenu lui rend la mémoire de sa langue d’origine… pour le meilleur, bien sûr ! Tout le village, alors, vient proclamer son amour de la langue du Béarn.
Lo petit paradís (le petit paradis/le gîte rural).
Personnages : le garde-champêtre [André], Jan [Miquèu] et Janòta [Solange], un couple de paysans béarnais de 70 ans, Mossur [Michel] e Madama [Françoise], deux Parisiens de 40 ans, Loulou [Lili] et Nénette [Mijo], un couple d’ailleurs.
Quelques passages en Français (les clients du gîte)
Suivant les conseils de leur Maire (et du Ministre … des Loisirs) un couple de paysans décide de créer un gîte rural dans sa ferme. Pour se rapprocher au mieux de la nature le couple propose un gîte des plus simples, sans s’encombrer de meubles, une paillasse faisant office de lit, un puits de lavabo , une bougie d’éclairage … Deux couples de citadins vont se succéder pour lesquels les surprises ne vont pas manquer.
Los Mosquilhós « s’affichent ».
Je propose quelques exemples d’affiches, flyers, articles de journaux, concernant les prestations des Mosquilhós.
Sur la photo, de gauche à droite : Michel, Françoise, Lili, Mijo, Anne-Marie, Miquèu, André.
Sur la photo, de gauche à droite : Mijo, Michel, Janine, Solange, Miquèu.
Sur la photo, de gauche à droite : André, Michel, Solange.
Remarques personnelles.
Ce qui suit ne devrait intéresser que mes enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants … « mais pourquoi diantre papa, papi … s’est-il lancé dans le théâtre ? »
Les premiers souvenirs marquants de théâtre remontent à l’adolescence, sur Paris. Encore collégien j’assistai à deux pièces de théâtre au Palais de Chaillot. Cyrano de Bergerac, dont le rôle principal était tenu par Daniel Sorano. Je le vois encore, je l’entends encore. Ce fut plus qu’une découverte, ce fut un émerveillement. D’autres acteurs ont tenu ce rôle, avec leurs propres qualités bien sûr, mais aucun n’a pu me procurer autant d’émotion. Je n’ai pas retenu le titre de la deuxième pièce, au Palais de Chaillot également, mais je me souviens parfaitement des deux acteurs principaux , Maria Casarès et Alain Cuny. Leur présence, que dis-je leur présence, leur prestance, m’impressionna et je gardai longtemps l’image de leur prestation.
Un peu plus tard j’assistai aux représentations d’un de mes frères aînés, dans une troupe amateur où s’exprimait un futur membre de la Comédie Française, Didier Sandre. Je découvrais ainsi que le théâtre n’était pas que réservé aux professionnels de la scène.
Mon métier de prof favorisa peut-être l’entrée dans le « métier » d’acteur. Comme sur les planches on se retrouve face à un public à intéresser, auquel il vaut mieux plaire, et devant qui il faut déclamer, pardon, réciter sa leçon. La discipline que j’enseignais, Physique-Chimie, n’étant pas en général la tasse de thé des élèves – hors les sections scientifiques – je devais souvent improviser et parsemer le cours de blagues, jeux de mots, histoires et légendes inventées. Si bien qu’en plusieurs occasions des élèves me demandaient si je ne faisais pas du théâtre en plus de mon job. Ils ne faisaient qu’anticiper.
Le déclic qui m’incita à m’engager dans un groupe qui ne soit pas vocal, comme j’en avais l’habitude, se produit en novembre 2015 à Féas où los Mosquilhos animait un Téléthon. Je fus très agréablement surpris par leur jeu et, comme je connaissais déjà un peu deux des acteurs, j’osais proposer mes services à la troupe. Et il me fut proposé de les rejoindre dès la prochaine répétition du mercredi suivant. Merci Janine.
On ne devait plus se quitter.