Camin Casa : commentaires sur CD 1 (première partie)

Le premier CD édité par le groupe occitan Camin Casa date de avril 1996. Dans ce qui suit j’apporte quelques commentaires sur les textes et les musiques (quand ils sont personnels), pour chaque composition : date et lieu du début de création  (de mémoire ou à partir de document retrouvé), parfois motivation d’écriture, retour sur les répétitions et sur l’interprétation en public  …  Pour étayer cela  j’ai retrouvé dans notre grange de nombreux documents en décembre 2018.
Je décompose cette étude en deux parties, pour alléger chacune d’elles. La première partie contient les chansons numérotées de 1 à 8, la seconde de 9 à 15.
L’enchaînement des chansons ne respecte pas la chronologie des créations ou des représentations mais l’ordre dans lequel elles apparaissent dans le CD. Je compléterai cette étude au fur et à mesure des documents retrouvés. Ce travail sur CD 1 pourra plus tard se renouveler avec CD 2.
Outre le thème on retrouvera le refrain quand il y en a un, un aperçu du nombre de répétitions et le lieu des représentations ainsi que les circonstances de cette représentation.
Douze personnes sont à la base de CD enregistré et mixé dans le studio Arbus de Pontacq. Six voix de membres de l’Estancada, domiciliés en région parisienne à l’époque : Alain, Graciela et Michel Berdot, Philippe Labarère, Joëlle Peyriller et Alain Sibé. Quatre voix du village de Saint-Pée d’Oloron, intervenant sur cinq des quinze chansons du disque : Constant et Eloi Bergeras, Angèle et Jean Fourcade. Deux musiciens s’ajoutant à la guitare d’Alain Berdot et au piano de Graciela : Gilles Gayral pour la flûte à bec et Servais Severin pour les percussions (avec l’aide de notre preneur de son Jeannot Arbus pour une chanson).
L’enregistrement de ces 15 chansons s’étala sur … deux journées d’avril 1996 (les 27 et 28), ce qui peut expliquer certaines insuffisances que ce peu de temps nous empêcha de corriger.

1.Tostemps seguir (toujours suivre).

Date et lieu : C’est en avril 1991 que s’ébauchèrent le refrain et quelques têtes de paragraphes, à Lanne en Barétous, chez Manaoüt, en marchant, seul, sur le chemin descendant vers Mendiondo, pour le tout début. L’essentiel fut élaboré et terminé en septembre 91 à Vitry-sur-Seine ; le 14 de ce mois deux couplets prirent naissance dans le métro parisien (mais oui), ceux concernant le curé et le Président.
Thème : Enfant, ado, adulte, on est dirigé, conditionné, par des individus ou des institutions. Obéir d’abord avant de se lancer dans toute initiative.
Refrain : Que cau tostemps seguir / Quauqu’un o quauqu’arren / Que cau tostemps seguir / Carratz e demorar darrèr.
Il faut toujours suivre / Quelqu’un ou quelque chose / Il faut toujours suivre / Se taire et rester derrière.
Résumé : Il faut suivre le père, la mère, le curé, l’instituteur, le Président, le général, un parti, l’Amérique. Mais un jour je serai devant quand les amis me suivront jusqu’à un trou dans la terre.
Répétitions : Sur les 279 répétitions répertoriées entre 1991 et 2013, en 16 lieux différents, en région parisienne et en Béarn, on en dénombre 24 pour « tostemps seguir ».
Représentations : Camin Casa a interprété « tostemps seguir » sur scène en une seule occasion, le 02 novembre 1989, pour une fête de l’Estancada (Association Occitane de Paris), dans le foyer PTT de la rue de Nantes à Paris.
Commentaires : Chanson préférée d’un copain du rugby de Saint-Denis, Patrick Gosselin, ça change ds chansons paillardes classiques.
En avril 1997 l’Association occitane d’Anglet « Ací Gasconha » me sollicita pour que je leur fasse parvenir tous les texte du CD ainsi que la musique de « tostemps seguir » et d’une autre chanson, comme nous le verrons un peu plus loin. Leur lettre se terminait par les remerciements gascons et par « croyez que nous ferons le meilleur usage de vos deux chansons ».

2. Ací l’amor t’apèra (ici l’amour t’appelle).

Date et lieu : Naissance de la chanson (pour l’idée générale du moins) le 15 mars 1991, dans le métro parisien (je n’ai pas relevé dans quelles stations). Elle se termina le 05 avril 1991.
Thème : La séparation de deux amants à cause du travail (ou du manque de travail au pays) oblige l’un(e) d’eux à en chercher ailleurs.
Refrain : Ací l’amor t’apèra / Tà la vita sancèra.
Ici l’amour t’appelle / Pour toute la vie.
Résumé : Promesses d’argent, promesses de vent, tu as trop rêvé à un ailleurs doré. Chez toi tu as perdu ton travail et tu as cru en retrouver un plus loin.
Répétitions : On en compte 34 pour cette chanson.
Représentations : Camin Casa a interprété « ací l’amor t’apèra » sur scène en quatre occasions. Le 27 mars 1993 pour le cinquième anniversaire de la Revue « lo Shiulet » et le 29 mai 1993 lors d’un Concert commun avec « los deus remparts » de Navarrenx, les deux fois rue de Nantes à Paris. Le 14 septembre 1996 à Prunay-sur-Essonne pour une fête familiale chez les Gayral et le 19 septembre 1998 lors du repas des 7èmes rencontres vocales pyrénéennes d’Aramits (18ème année du Concours des chiens de berger).
Commentaire : Dans un premier temps les paroles s’appuyaient sur la musique de … Lili Marlène. Facile à vérifier, les dites paroles s’accordent très bien avec cet air. Nos quatre amis de Saint-Pée participent à ce chant.

3. Mon país qu’ei la montanha (mon pays c’est la montagne).

Date et lieu : La lecture des brouillons disponibles donne à penser que les deux premiers paragraphes de la version béarnaise (voir plus loin) datent du 08 juillet 1990. Pour les deux suivants il fallut attendre mars 1992.
Aucune indication relevée sur le lieu d’origine.
Thème : inspiré de la chanson du Québécois Gilles Vigneault (mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver). C’est grâce à cet auteur-compositeur, ainsi qu’à son compatriote Félix Leclerc, que je tombai amoureux du Québec, au point d’y vivre 18 mois dans les années 1972-73. Un peu plus tard, en septembre 1982 je finissais de composer, par mimétisme, en Français, « mon pays c’est la montagne » avant d’adapter le texte en Béarnais presque 10 ans plus tard, à partir de juillet 1990.
Résumé
Mon pays c’est la montagne et ses sommets majestueux, sentinelle de l’Espagne, siège de torrents, senteurs et pâturages, de bergers à fière allure et d’animaux multiples en liberté comme les brebis, les isards, les marmottes, les vautours, l’ours et le labrit.
Répétitions : Cette chanson détient, avec un autre titre, le record des répétitions : 94.
Représentations : « mon país qu’ei la montanha » a été chanté en huit occasions. sur scène. Le 14 septembre 1996 à Prunay-sur-Essonne pour une fête de famille chez les Gayral. Le 28 septembre 1996 à Siros lors du 30ème festival de la chanson béarnaise. Le 19 septembre 1998 à Aramits, pour les 7èmes rencontres vocales pyrénéennes. Le 06 novembre 2002 à Neuilly-sur-Marne, dans le cadre d’un club de voile local. Le 27 mars 2005 à Pomponne pour les 50 ans de l’ami Jean-Claude Arrieux. Le 23 juin 2006 dans la Maison des Pyrénées Atlantiques  (avenue de l’Opéra à Paris) pour la fête de fin de saison de l’Estancada. Le 27 décembre 2008 à l’Eglise du Départ d’Orthez, au profit de la Calandreta. Le 14 mai 2009 dans la Maison des Pyrénées Atlantiques (avenue de l’Opéra à Paris) pour la soirée promotion de notre CD 2.
En plus de ces représentations de « mon país qu’ei la montanha » avec Camin Casa cette chanson fit partie du répertoire des Saint-Péens, que j’accompagnais, le 11 décembre 2010, à la maison de retraite du Parc Pommé d’Oloron. Elle fut également chantée sur la Péniche « le Mistral« , sur le Canal de Saint-Denis, jouxtant le Stade de France, après une finale du Championnat de France de rugby, par les copains de Camin Casa et du SDUS (club de St Denis), le 06 juin 2009. 
Commentaire  : Cette chanson est la seule qui figure sur les deux CD de Camin Casa : 1996 et 2008. Par rapport à 1996 un couplet supplémentaire a été ajouté en 2008, apparaissant en dernière position. Sa création débuta le 21 septembre 1996 … encore dans le métro. « Mon país qu’ei la montanha » garde la préférence de nos amis de Saint-Pée Jean et Angèle qui l’ont entamé en plusieurs occasions dans des soirées animées, tout comme Laurent Pedelaborde.

4. Melinà (Mélina).

Date et lieu : Le 18 août 1993 , dans la voiture nous ramenant d’Oloron à Vitry-sur-Seine, en présence de nos deux filles Aurélie et Séverine, je fredonnais l’air du futur refrain et une ébauche de ses paroles. La chanson fut pratiquement achevée, après plusieurs étapes, en septembre 1993.
Thème : La conquête de l’être aimé (ou espéré) peut parfois se réaliser grâce à  l’aide de l’alcool.
Refrain : Melinà, au còrn de ton còr guarda ua plaça/Melinà, que vam vàder vielhs amassa.
Mélina, garde-moi une place dans le coin de ton cœur/Mélina, nous allons vieillir ensemble.
Résumé : L’histoire de chaque couple reste gravée dans la mémoire. On ne peut pas leur voler. Pour nous c’est une boisson autorisée, mais dont il ne faut pas abuser dit-on, qui permit de franchir une barrière paraissant jusque là infranchissable.
Répétitions
: Pas mal aussi : 63 répétitions pour « Melina ».
Représentations : En deux occasions le groupe Camin Casa a interprété « Melinà » devant un public. Le 29 janvier 1994, au Foyer PTT rue de Nantes, pour une fête de l’Estancada lors de laquelle était organisée un débat sur le Tunnel de la Vallée d’Aspe. Le 14 septembre 1996 à Prunay-sur-Essonne pour une fête de famille chez les Gayral.
« Melinà » fut également interprété par les Saint-Péens à la Maison de Retraite du Parc Pommé d’Oloron le 11 décembre 2010 ainsi que le 06 juin 2009 sur la péniche « le Mistral » aux abords du Stade de France, par Camin Casa et quelques copains de l’équipe de rugby de Saint-Denis, regroupés sous l’étiquette de Cantoval.
Signalons aussi
 que deux formations béarnaises ont inclus « Melinà » dans leur production : « los remparts de Navarrenx » dans un CD et Arraya, dirigé par Didier Fois, dans un DVD. 
Commentaires
: Au départ on apprécie une musique créée par un copain africain qui se joignait à nous lors de certaines soirées de l’Estancada. J’ai ensuite adapté le refrain et modifié la mélodie des couplets. Le choix du prénom Mélina ne fut pas immédiat : les brouillons font apparaître Agata, Alicia, Elisa, Cristina, Irena ….
Finalement je gardai Mélina, prénom d’une nièce argentine de Graciela, qui devait avoir autour de 5 ans à l’époque. Des amis proches ne comprirent pas que je négligeai les prénoms de ma propre famille : Hélène, Aurélie, Séverine.
Les quatre Saint-Péens interviennent dans cette chanson, chanson qu’en plusieurs occasions Angèle et Jean Fourcade entamèrent au milieu des textes de Nadau ou Pagalhós – merci !

5. Mau de còr (mal de cœur).

Date et lieu : Débuts de cette chanson (mélodie et au moins le premier couplet) le mercredi 28 août 1991 à la Mouline, au pied de la Montée Impossible à Arette. Fin des vacances scolaires, à la veille de remontée sur Paris, personne au bord du Vert d’Arette, les vacanciers et touristes ont déjà quitté la région. Nous sommes tous les quatre seuls à bénéficier de cet après-midi ensoleillé : Hélène et moi avec nos deux filles Aurélie (8 ans) et Séverine (5 ans). De suite me vient l’envie de chanter le bonheur de se trouver ainsi en famille dans ce cadre idyllique, au bord de l’eau, en pleine montagne. Joie intérieure, extase, et pourtant chanson plutôt … mélancolique, d’où son titre.
Le texte fut achevé en septembre 1991 à Vitry.
Thème : Encore un hymne à la montagne, car elle est capable de transformer la peine du moment en l’espoir de retrouver la joie de vivre. 
Résumé : Si lo còr que hè tròp de mau/Ua musica me jumpa/L’arridèr d’ua mainada/O lo gorgolh deu gave (premier couplet).
Quand le cœur a trop mal/Une musique me berce/Le rire d’une enfant/Ou le « glouglou » du gave.
Pour la traduction du « gorgolha » du gave on pourrait trouver mieux que « glouglou ».
Répétitions : Un bon score pour cette chanson : 46 répétitions.
Représentations : Pas moins de dix représentations en public pour « mau de còr ». Le 09 novembre 1991 pour une fête de l’Estancada rue de Nantes à Paris, au Foyer PTT. Le 29 février 1992 à Saint-Denis (Bourse du Travail)  dans le cadre des Elections Régionales, en soutien à la liste Entau  Païs, menée par David Grosclaude. Le 28 mars 1992 pour le 4ème anniversaire de la revue de l’Estancada lo Shiulet au Foyer PTT de la rue de Nantes. Le 27 mars 1993 pour le 5ème anniversaire du Shiulet au Foyer PTT rue de Nantes. Le 29 mai 1993 lors de la réception du groupe de Navarrenx los remparts, au Foyer PTT. Le 29 janvier 1994 pour la fête de l’Estancada et le débat sur le Tunnel de la Vallée d’Aspe, au Foyer PTT. Le 26 novembre 1994 à l’issue de l’Assemblée Générale de l’Estancada, rue de Nantes. Le 25 mars 1995 à Noisy-le-Grand (Maison pour tous) dans le cadre de la journée occitane de l’IEO. Le 27 mai 1995 pour les 10 ans de l’Estancada, rue de Nantes. Le 18 novembre 1995, rue de Nantes, pour une soirée cabaret organisée par l’Estancada.
Commentaire : chanson préférée de Jean-Claude Larco, un professionnel de la chanson française, dans le show-biz quoi, de quoi flatter mon ego.

6. Atau qu’ei la vita (ainsi est la vie).

Date et lieu : En juillet 1982, à Avignon, naquit « atau qu’ei la vita », sur les bords du Rhône, en présence d’Hélène. Musique traditionnelle du Chili, rapportée par mon frère Alain après ses séjours en Amérique latine. Refrain de suite adopté et adapté ainsi que  les têtes des paragraphes – montagne, gave, plaine, animaux de ferme. Pour le moment les couplets sont complétés par lalalalala, avec en plus dans chaque cas l’opposition entre le positif et le négatif. Les autres étapes de la chanson datent de l’été 1984 et une ultime version en juin 1990.
Thème : La vie est faite de hauts et de bas (rapports amoureux, aléas financiers, santé … ) à l’image des soubresauts de la nature.
Refrain : Atau son mas amoretas/Pleas de navèras suspresas/Atau qu’ei la vita/Un còp haut un còp baish/Qu’ei com ua dança /Pè dret e pè gauche.
Ainsi sont mes amours/Pleines de nouvelles surprises/Ainsi est la vie/Une fois vers le haut, une fois vers le bas/C’est comme un pas de danse/Pied droit puis pied gauche.
Résumé : La montagne passe du sommeil au grondement, le gave du cours calme au torrent, la plaine de la lumière à la misère …
Voici quelques paroles de la chanson chilienne inspiratrice : Esta mujer està loca, quiere que la quiero yo, la quiere el su marido, el tiene l’obligacion.
Répétitions : On grimpe encore : 49 répétitions.
Représentations : En quatorze occasions (record) Camin Casa a interprété « atau qu’ei la vita » devant le public. Le 29 juin 1991 pour l’Assemblée Générale de l’Estancada, au Foyer PTT des Lilas rue de Nantes à Paris. Le 09 novembre 1991 pour une fête de reprise de l’Estancada rue de Nantes. Le 29 février 1992 à la Bourse du Travail de Saint-Denis en soutien de la liste Entau Païs de David Grosclaude aux Elections Régionales. Le 28 mars 1992 pour le 4ème anniversaire du Shiulet rue de Nantes. Le 18 avril 1992 au Palais des Sports de Saint-Denis à l’occasion d’une journée internationale de basket. Le 26 mai 1992 au restaurant Les Muses de la rue Saint-Honoré à Paris, sur invitation du Lion’s Club du 9ème arrondissement (vous avez bien lu). Le 27 juin 1992 à la fête de l’Ecole Diderot de Vitry (Aurélie et Séverine élèves). Le 27 mars 1993 pour le 5ème anniversaire du Shiulet, rue de Nantes. Le 29 janvier 1994 pour la fête de l’Estancada et son débat sur la Vallée d’Aspe, au Foyer PTT. Le 07 mai 1994 à l’occasion d’une brocante Place Saint-Louis à Choisy-le-Roi. Le 26 novembre 1994 pour l’A.G. de l’Estancada rue de Nantes. Le 25 mars 1995 à la Maison pour Tous de Noisy-le-Grand (journée occitane de l’I.E.O.). Le 27 mai 1995 pour célébrer les 10 ans de l’Estancada rue de Nantes. Le 18 novembre 1995 pour une soirée cabaret de l’Estancada rue de Nantes.
À l’occasion d’une finale de Championnat de rugby on a chanté (Camin Casa et les copains de l’équipe de Saint-Denis, groupe Cantoval) « atau qu’ei la vita » sur une Péniche du Canall de St Denis le 06 juin 2009.
Avec mon frère Alain (qui nous accompagnait à la guitare) nous avons interprété « atau qu’ei la vita » au Festival de la Chanson béarnaise de Siros en septembre 1984.
Avec Alain et Joël Sourbet nous avons chanté ce tube à la fête annuelle du Réveil Basco Béarnais de Paris le 04 décembre 1984 et enfin, encore avec Alain, à la fête patronale d’Eysus l’été 1985.
Commentaire : Il arrive que l’expression « atau qu’ei la vita » soit employée dans la conversation de tous les jours. Chanson préférée d’une copine de l’Estancada, Hélène Manaud.

7. Paísans de noste (paysans de chez nous).

Date et lieu : Pour le moment (février 2019) aucune trace de brouillon indiquant l’origine de la chanson mais je sais que c’est certainement un de mes plus anciens textes écrits, entre 1965 et 1968.
Origine de la musique : traditionnel Limousin. Les deux sœurs Rosina et Peirina (j’ai oublié leur nom de famille) ont bâti une chanson sur cette musique. Je leur ai demandé l’autorisation (obtenue) de conserver l’air mais mes paroles n’ont aucun rapport avec les leurs.
Thème : Dans les années 70 politiquement agitées, voici une des chansons dites « engagées » qui voulait sortir des thèmes traditionnels du berger et de la bergère. À l’écoute du milieu paysan dans lequel je baignais durant mes séjours en Béarn, principalement évidemment sur Saint-Pée d’Oloron, je résumai les problèmes de l’époque du monde agricole, en les schématisant quelque peu pour apparaître plus percutant. La situation a-t-elle vraiment changé ?
Résumé : Alors que moutons et veaux, toujours aussi forts, sont payés moitié prix, dans nos villes le prix de la viande a doublé. Hier nous faisions du maïs, aujourd’hui du lait, demain un peu de tout, jamais ce que nous voulons, toujours ce que nous devons, maintenant ça suffit !
Répétitions : 31 occasions de répéter « paisans de noste »
Représentations : Pour « paísans de noste » je relève cinq représentations  en public. Le 09 novembre 1991 pour une fête de l’Estancada au foyer PTT des Lilas. Le 29 février 1992  à la Bourse du Travail de Saint-Denis lors d’un meeting sur les Élections Régionales (liste Entau País). Le 28 mars 1992 pour le 4ème anniversaire du Shiulet rue de Nantes. Le 18 avril 1992 au Palais des Sports de Saint-Denis pour une journée internationale de basket. Le 27 mars 1993 pour le 5ème anniversaire du Shiulet, rue de Nantes.
Commentaire : Dans les années 70, avec Marti dans le Sud-Est et los de Nadau (leur nom à l’époque) en Gascogne – mais d’autres groupes sévissaient comme los Pagalhós ou los de Larvath en Béarn – fleurissait la chanson engagée avec comme thèmes  la langue occitane ou l’économie, sacrifiées en Occitanie. Los de Nadau se produisirent à Aramits par une douce soirée estivale. À l’issue de leur concert nous les retrouvâmes dehors et, avec les Saint-Péens présents et mon frère Alain, nous leur avons chanté « paísans de noste ». Johan Nadau sembla apprécier et nous encouragea à continuer, trouvant le texte un peu « fort ». Même si à ce moment là le groupe n’avait pas encore la notoriété qu’il allait acquérir, en Occitanie mais aussi dans d’autres contrées de France, nous étions fiers de recevoir leur compliment.

8. La cançon de Guilhem (la chanson de Guilhem).

Une des deux chansons du groupe Nadau. J’avais préalablement demandé l’autorisation de l’inclure dans notre CD à Johan Nadau. Pour une fois nous ne nous sommes pas contentés des deux traditionnelles voix – la haute et la basse – mais Graciela nous arrangea une troisième voix qui nous obligea à sortir du train train habituel.
Thème : Le « simplet » du village mérite le respect car c’est un poète dont les yeux crient la solitude.
Résumé :  Que’n vas com ua randoleta/Qui descobreish lo primtemps/Boca ubèrta en har l’aleta/Com tà t’engolir lo temps.
Tu t’en vas comme une hirondelle/Qui découvre le printemps/Tournoyant, la bouche ouverte/Comme pour engloutir le temps.
Répétitions : 44.
Représentattions : En onze occasions nous avons interprété « lo Guilhem ». Le 27 mars 1993 pour le 5ème anniversaire du Shiulet au Foyer PTT rue de Nantes. Le 29 mai 1993 lors d’un concert commun avec le groupe « los deus remparts » de Navarrenx, rue de Nantes. Le Le 29 janvier 1994 à propos d’une fête de l’Estancada précédée d’un débat sur le Tunnel du Somport de la Vallée d’Aspe, au Foyer PTT. Le 07 mai 1994, place Saint-Louis à Choisy-le-Roi à l’occasion d’une brocante. Le 05 juin 1994 au restaurant « le contre-poids » de Choisy-le-Roi,pour la journée musicale de l’Esquisse. Le 26 novembre 1994 pour l’A.G. de l’Estancada rue de Nantes. Le 25 mars 1995 à la Maison pour Tous de Noisy-le-Grand dans le cadre de la journée occitane de l’IEO. Le 27 mai 1995 pour les 10 ans de l’Estancada, rue de Nantes. Le 18 novembre 1995 pour une soirée cabaret de l’Estancada rue de Nantes. Le 14 septembre 1996 à Prunay-sur-Essonne pour un anniversaire dans la famille Gayral. Le 06 novembre 2002 à Neuilly-sur-Marne à l’occasion d’une fête du Club de Voile local.

 

Images des années 60

Images des années 60 est le titre d’une exposition que j’ai parcourue le 09  janvier 2019 à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, avenue des Gobelins, Paris 13.
Deux parties séparées : l’une présentant du matériel ancien du début du cinéma, l’autre de grandes affiches à la gloire de Pathé  ou en présentation de films très connus des années 60.

Quelques vues d’appareils datant des premières années du cinémascope.


Seul à parcourir cette pièce où sont exposés des appareils du début du cinéma je  savoure la présence de ces objets antiques grâce auxquels prirent naissance une infinité de films et je me laisse bercer par leurs noms évocateurs, relevés dans la liste qui suit :
phonographes, caméras variées, projecteurs, visionneuses, appareil à tirer les positifs, métreuses, enrouleuses, chronos, boîtes de films, générateur d’électricité, lanterne de projection, moto-caméra, valise filmathèque, tireuse, matériels et produits de développement, poste de projection …

Tout d’abord des affiches publicitaires épatantes sur … Pathé.

Affiches des films des années 60.

Pour chaque film je rappelle la date de sortie, les noms du réalisateur et  de quelques acteurs.

Zazie dans le métro

1960Louis Malle (d’après le roman de Raymond Queneau) – Catherine Demongeot, Philippe Noiret …


La femme et le pantin

1959Julien Duvivier – Brigitte Bardot, Antonio Vilar, Daniel Ivernel, Dario Moreno …


Le guépard

1963Luchino Visconti – Claudia Cardinale, Burt Lancaster, Alain Delon, Terence Hill …


Le déjeuner sur l’herbe

1959Jean Renoir – Paul Meurisse, Charles Blavette, André Brunot …


Les sorcières de Salem

1957Raymon Rouleau – Simone Signoret, Yves Montand, Mylène Demongeot …


Il gattopardo (le guépard)

Voir plus haut.

La dolce vita (la douceur de vivre)

1960Federico Fellini – Marcelo Mastoianni, Anita Ekberg, Anouk Aimée, Alain Cuny, Magali Noël …

Gaspésie : été 1981.

Entre le 16 et le 21 juillet 1981, Alain, Hélène et moi avons parcouru la Gaspésie, cette Province au nord du Québec, le long du fleuve Saint-Laurent. Alain, vivant à cette époque au Mexique nous avait rejoint dans un premier temps à Montréal, où nous accueillaient les nombreux amis québécois, connus en 1972-73 lors de mon séjour montréalais : Anne-Marie et Jean-Pierre Bourdouxhe, Christiane et Jean-Pierre Bourdouxhe, Hildège Dupuis, Carle Delaroche Vernet, Céline Brunel …. De là nous avions répondu ensuite à l’invitation de Louise Brunel et Yvan Simard en cette si belle ville de Québec. Le couple nous prêta sa voiture pour le voyage exotique en Gaspésie.
Ce 31 janvier 2019 je viens de retrouver dans un coin de notre grange le carnet personnel des années 1980 que que je recherchais depuis longtemps. Dans ce carnet, pêle-mêle je redécouvre diverses adresses, l’ébauche d’un texte d’une chanson béarnaise élaborée en juillet 1977 (canta beròja – chante la belle), divers itinéraires routiers, le compte-rendu d’un match de rugby Yerres contre Saint-Denis (j’étais à ce moment là correspondant du club de Saint-Denis au Midi Olympique), un poème écrit dans le train datant de juin 1978, des réflexions sur le club de rugby d’Oloron, le FCO, (il m’arriva d’envoyer des textes/statistiques au journal local, la République des Pyrénées) … etc… et le compte rendu quotidien de ce voyage en Gaspésie.
Ce même jour je commence à recopier aussitôt la description de notre itinéraire, sans presque rien modifier. Hélas je ne dispose pas des photos et films réalisés durant cet été 81 (mais peut-être retrouverai-je quelques traces un peu plus tard).

Avant de passer au texte voici deux schémas de la Gaspésie.
Carte notée
1.
Schéma général situant la Gaspésie par rapport aux États-Unis et au Québec, entre autres par rapport aux villes de Montréal et de Québec.
Carte notée 2.
Carte un peu plus détaillée de la Gaspésie où figurent quelques uns des sites cités en suivant. Les numéros figurant sur cette carte sont associés aux villes nommées dans le texte.

  1. Jeudi 16 juillet 1981 : de QUÉBEC à MATANE.

Départ de la ville de Québec (plus exactement tout à côté, à Sainte-Foy où habitent nos hôtes) à 9 h du matin par la rive Sud du Saint-Laurent, par le pont Pierre Laporte. Début du parcours par l’autoroute avant de circuler sur la route nationale à partir de Montmagny. Traversée de Saint-Jean Port Joli, sans s’arrêter, et de Kamouraska. On peut déjà apprécier la poésie de ces noms de villages qui, au retour, feront peut-être l’objet d’une halte, on l’espère. Repas du midi pris à RIVIÈRE du LOUP (1). Dans l’après-midi, passage intéressé et intéressant à Trois Pistoles (2), face à un ensemble d’îles dont l’Île aux Basques (hé oui on se croit chez nous). Il fut un instant question de passer la nuit à Le Bic (3) mais l’objectif principal restant la « Basse Gaspésie » il fut décidé de rouler pas mal durant cette première journée.
Entre Québec et Matane, à main gauche le Saint-Laurent et à main droite quelques forêts et surtout de grandes plaines cultivées et des champs fauchés récemment : « qu’ei hè o arredalh ? » (c’est du foin ou du regain ?)
Le fleuve s’élargit de plus en plus et le chemin longeant le Saint-Laurent offre de pittoresques points de vue, comme la côte entourant Rimouski (4) ou la baie de Grand Métis. Vers 16 h nous arrivons au camping de MATANE (5), sur les hauteurs de la ville, dans une forêt de feuillus et de conifères, au bord de la rivière Matane. Au petit matin un écureuil nous rend visite cependant qu’égrène ses notes familières l’oiseau célébré par le poète québécois Raoul Duguay, l’engoulevent. Beaucoup de pêcheurs de saumon devant le parc aménagé du centre ville, au milieu des mouettes et canards. Au restaurant « les Délices« , plat de crevettes avec une salade chinoise … sans beaucoup de crevettes. Alain a râlé. Puis nous rencontrons quelques difficultés à monter notre tente.

2. Vendredi 17 juillet : de MATANE à CAP-de-GAPSÉ.

Départ de Matane autour de 10 h. Le fleuve continue de s’élargir et la montagne de se rapprocher. Succession d’anses et de baies, multitude de caps dès quittée Grosses-Roches (6). Peu à peu disparaît la rive Nord. La route suit de très près la rive Sud. Nous traversons de petits villages coincés entre la mer et la montagne, peuplés surtout de pêcheurs, principalement après Anse-Pleureuse. Voici le liste de nos arrêts pour cette deuxième journée : Cap-Chat (7), pour observer de loin le rocher ; Saint-Anne-des-Monts (8) avec sa visite du Manoir, perché sur un cap, garni de meubles anciens et d’ambiance apaisante ; MARSOUI où nous dégustons un très bon déjeuner à la pension « Cookerie » (pâté de saumon et morue) et où nous tentons vainement de visiter un moulin à scie, en arrêt momentanément hélas ; Rivière Madeleine et ses pêcheurs vidant, décapitant et découpant en filets la morue pêchée le matin même. Ce travail « artistique » pour nous autres citadins, ainsi que le ballet aérien des mouettes tournoyant au-dessus des déchets de viande jetés dans le port, furent l’objet du 2ème film de la semaine, après celui sur les îlots de Matane, tachetés de blanc par les mouettes. Avant-dernier arrêt à l’Anse-à-Valleau (9) où le port abonde de pêcheurs effectuent le même travail que précédemment. On quitte la Nationale 132 à Cap-des-Rosiers (10) pour atteindre, vers 17 h, le camping du-Havre, en bord de mer, adossé à la montagne recouverte de forêts. Cadre idyllique. Tout au long de cette journée l’image classique pour nous du Québec s’est déroulée sous nos yeux, avec ses vastes étendues d’eau, ses forêts à perte de vue, sa faible population rurale. Le soir, après une course du côté de Cap aux Os, sur la Route de Gapsé, puis du côté de CAP GAPSÉ (11) (vers l’extrémité du Cap), nous prenons notre premier repas dans le camping, face à la mer, autour d’un feu difficile à entretenir. Le coucher se fait tôt, en fonction de ce qui nous attend le lendemain : lever prévu vers 6 h. Mais …

3. Samedi 18 juillet : CAP-de-GAPSÉ.

Mais … De 22 h à 3 h du matin, tempête tonitruante (mais oui) avec un vent très violent et, par moments, des trombes d’eau suivies d’éclairs et de tonnerre. Difficile nuit donc mais lever matinal sans trop de problèmes. De 7 h à 9 h, croisière guidée tout au long du Cap-de-Gapsé. Temps magnifique qui permet de distinguer nettement toutes sortes d’oiseaux virevoltant autour des hautes falaises striées : mouettes, goélands, cormorans, aux cris caractéristiques, canards et autres « guns » à la queue rouge. Mais aussi des phoques , groupés à marée basse sur des rochers où ils se reposent en famille, cependant que quelques oiseaux du voisinage étirent leurs ailes afin de les faire sécher.
Après cette croisière un peu de repos fait de lecture et écriture sur la plage de sable grossier. C’est si bon ! Dans l’après midi un orage nous bloque au camp et nous en profitons pour récupérer de la fatigue des déplacements des deux jours précédents. Courte balade à la-Grande-Grève surplombant les anses et cheminant parmi des maisons de pêcheurs. Resto à CAP-des-ROSIERS (10), très valable, avec une bouillabaisse, darne de flétan, filet de sole. On en sort repus à cause des sauces. Une promenade digestive s’impose le long de la plage.

4. Dimanche 19 juillet : de CAP-de-GAPSÉ à PASPÉBIAC.

Départ à 9 h sous un soleil déjà chaud qui ne nous quittera pas de la journée. La baie de Gaspé est contournée durant de longs kilomètres. Elle est d’abord définie par le Parc de Forillon (12), aménagé en aire de repos et pourvu de randonnées, la route demeurant au niveau de la mer, face au Cap-de-Gapsé. La baie se termine par un ensemble de villages aux noms anglais, aux bâtisses imposantes, légèrement reculées, intégrées dans la verdure. L’ensemble constitue une suite d’anses arrondies qui méritent l’attention. Par contre, déception avec la ville de Gapsé, construite en étages, mais sans pittoresque apparent. Puis la route demeure sinueuse et vallonnée, longeant de nouveau la mer, vierge de tout bâtiment. Tout à coup surgit le Rocher-Percé de PERCÉ (13) qui se profile au loin, et on atteint la ville par le haut.
Site historique par excellence, Percé attire le touriste par son cadre et sa … cuisine. On en profite bien sûr. Mais le flot ininterrompu desdits touristes (dont nous sommes) nous effraie et on se contente d’une promenade pédestre le long de la plage, sans aller jusqu’au Rocher lui-même. Du Port on assiste à l’arrivée de plusieurs bateaux déversant les pêcheurs occasionnels qui repartent ensuite avec le poisson qu’ils ont eux-mêmes pêché et que quelques professionnels leur ont préparé, sous l’œil intéressé d’une multitude de mouettes se battant presque pour attraper les déchets jetés à l’eau (il nous vient la comparaison avec les colonies de vautours se disputant une carcasse de cheval en montagne). Pas de croisière autour de l’île de Bonaventure (16) où abondent toutes sortes d’oiseaux. Nous quittons cette « station balnéaire » vers 15 h, alors qu’une file imposante de voitures tente d’y pénétrer.
Deux arrêts ensuite, à l’-Anse-à-Beaufils et à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, afin de filmer les vigneaux où se dessèchent au soleil les morues. Se suivent encore une fois de petites anses où s’ancrent soit des plages de sable soit des ports de pêche. L’œil poursuit sa cure de ravissement. Nous arrivons vers 16 h à Sainte-Adélaïde-de-Paros où un garçonnet en vélo nous indique la maison de Roméo Dupuis (« en face du dépanneur »), le cousin d’Hildège. Roméo nous accueille avec chaleur, ainsi que sa femme (dont je n’ai pas retenu le prénom) et leur « bébé », beau gaillard hockeyeur (le hockey sur glace est certainement le sport le plus populaire du Canada), le dernier des 5 enfants du couple, dispersés à Terre-Neuve, au New-Brunswick, à Montréal … Autour de quelques bières on parcourt un album de photos et l’arbre généalogique de la famille Dupuis. Roméo s’avère être un « personnage » de la contrée, avec qui on sympathise rapidement. Lui et sa femme, très intentionnée et ne manquant pas d’humour, regrettent leur invitation de la soirée, sans quoi ils nous auraient eux-mêmes invités à souper.
Vers 17 h on reprend la route pour une quarantaine de bornes qui nous mènent, après avoir traversé la ville industrielle de Chandler (14), à PASPÉBIAC (15), où un autre garçonnet nous conduit chez Jean-Luc et Géraldine Heyvang, des amis d’Hildège, connus par lui à Paris. Lui est architecte, elle optométriste. Les présentations faites ils nous proposent de camper derrière leur belle maison qui les loge depuis 2 ans. Là aussi l’accueil est très chaleureux. On y apprend l’histoire de ce village, un peu à part en Gaspésie, les efforts de rénovation des édifices de la Compagnie Robin, l’espoir d’y faire renaître une vie culturelle et artisanale, bâtie sur le passé mais tournée vers l’avenir. Jean-Luc nous fait visiter ce qui reste du Banc de Paspébiac, brûlé en 1964, en particulier un magnifique bâtiment, ancienne usine de poissons à 5 étages, aux énormes poutres entrecroisées, en train d’être restauré.
Encore un couple très sympathique qu’on espère revoir un jour, tout comme Roméo et sa femme.

5. Lundi 20 juillet : de PASPÉBIAC à SAYABEC.

Avant de quitter Paspébiac nous visitons le centre culturel aménagé dans un ancien hangar de la Compagnie puis nous partons vers Bonaventure (16), pour un court arrêt, avant de stationner sur une plage peuplée d’oiseaux non encore aperçus jusqu’alors : hérons et bécasseaux. La route continue de creuser son sillon au ras de l’eau. Quel régal, une nouvelle fois ! On apprécie, entre autres, la baie où se succèdent New-Richmond (17), Maria, dont on visite l’église en forme de tipi indien, Carleton (18). En cette dernière ville on achète du poisson sous diverse formes (soupe, pâté de saumon, filet de turbot) et on s’en va déjeuner en haut du MONT-JOSEPH, dans les 550 m d’altitude d’où on domine la mer devant nous, avec l’État du Nouveau-Brunswick au loin et, derrière nous les habituelles forêts à perte de vue. Après ce remarquable site touristique on s’écarte de la N 132 pour viser Miquasha et son Musée d’Histoire Naturelle (poissons et fossiles) puis Restigouche pour franchir un pont qui nous mène à Campbellton (19) au New-Brunswick.
Cheminant une vingtaine de kilomètres sur une route plus creusée que celles du Québec, on parvient à Matapédia (20) et on retrouve notre Province du Québec. Puis vient la longue vallée de la Matapédia, coincée entre deux montagnes recouvertes de forêts. La route longe la rivière en contre-bas. On avance harmonieusement. On s’arrête à deux scieries où on se fait expliquer le fonctionnement. Presque chaque village possède son moulin à scie que domine le brûloir. Outre le bois on note l’intense activité autour des champs. Après Sainte-Florence et Causapscal (21), petit détour par Lac-au-Saumon (22). Le camping d’Amqui (23) étant surchargé et celui de Val-Brillant introuvable, on se rabat sur SAYABEC (24), au bord du lac Malcom. Il faut endurer 4 kms de terrain poussiéreux mais le cadre est attrayant et le calme requis, vue la faible densité de population. Une fois de plus l' »oiseau de Dugay » nous a accompagnés durant toute la journée (bruant à gorge blanche).

6. Mardi 21 juillet : de SAYABEC à QUÉBEC.

Journée ô combien homérique ! La pluie nous réveille vers 6 h. « Ça va passer » dit l’un de nous. Mais ça a duré. Deux heures plus tard chacun s’arme de courage pour affronter l’ennemi tombant du ciel et démonter la tente en 3 minutes. Tous crottés, on pense amener la voiture près des douches, afin de s’y nettoyer avant le départ pour l’ultime étape. Mais point de réponse de l’auto, une Rabit. On a beau la pousser au milieu des flaques d’eau elle refuse ce petit service. On décide d’appeler un mécano, à 4 kms de là. Longue est l’attente. Transis, on accepte un petit déjeuner au bar du camping. Ce n’est que vers 9 h 30 / 10 h que se pointe le mécanicien, qui décide vite un remorquage. Étrange garage où le patron ne fait guère d’efforts de compréhension et où six ou sept gars conversent, s’asseyent, se relèvent, changent de pièce, conversent de nouveau etc … Seul un mécanicien, le mécanicien du « boute » cherche une solution … jusqu’à l’heure du déjeuner, 11 h 30. C’est de nouveau l’attente, jusqu’à 13 h, mais on a pris le soin de changer de vêtements. Il est alors question de … changer la pompe, rien que ça ! Hors, divers coups de téléphone laissent à croire que seule la ville de Québec dispose de la dite pompe. Compte tenu de la grève des Bus de la Compagnie « Voyageurs« , cette pompe ne serait ici que le lendemain ! Charmante perspective. Le village est à 3 kms, on serait bloqués dans ce … trou durant 2 jours ! On commence à paniquer. Heureusement, le mécanicien, plus finaud, et qui pourtant ne connaît pas les moteurs à injection, trouve, à force de patience, d’intuition et de chance, qu’il ne s’agit que d’un fil électrique qui a pris l’humidité et qui réduisait la pression à un endroit du circuit. Vers 14 h 30 on quitte notre … prison. Tout le monde nous salue, bien gentil et compatissant. Dommage que notre énervement nous ait limité dans notre désir de conversation. Après le bûcheron du moulin de la veille, le patron du garage est la deuxième personne qui nous ait vraiment donné du mal à comprendre. Mais il paraît que dans cette vallée bon nombre de Montréalais eux-mêmes connaissent ces mêmes difficultés de compréhension.
La pluie ne cessant pas de tomber on file dorénavant droit sur Québec, d’autant qu’une loupiote rouge s’allume parfois sur le cadran de bord et qu’elle alimente notre anxiété. On s’arrête à RIMOUSKI (4) pour déjeuner puis on enfile l’autoroute. Le brouillard cache par moments le Saint-Laurent et on ne regrette pas de rouler. Nous arrivons à Sainte-Foy autour de 19 h 30 où nous attend une collation appréciée avant d’effectuer une virée nocturne  à Québec, retrouvant dans deux boîtes à chansons un couple, ami de Louise.
Fin du voyage. Un bin beau voyage.