Vive le rubgy cassoulet

Alors que la nouvelle saison rugbystique est bien entamée, quelques commentaires personnels sur l’évolution de ce sport et l’engagement de certains d’entre nous à le suivre ou le servir.

Comme il paraît loin le temps où même l’Équipe de France ne disposait pas d’entraîneur, la tactique du jour étant élaborée par le Capitaine et ses lieutenants, de même philosophie en général, quelques jours seulement avant d’affronter les équipes britanniques. Lors de la fameuse Tournée de 1958 en Afrique du Sud le seul Serge Saulnier faisait office de sélectionneur-conseiller-soigneur peut-être, laissant au soin des Mias, Celaya, Moncla, Danos… la motivation et l’entraînement de leurs équipiers. Sûrement quelques primes de match en guise de salaire, du vin rouge et de la bière en guise de dopage. Et des joueurs victorieux (à la surprise générale) des gigantesques Springbocks, revenant au pays en toute humilité, sans les lumières des caméras et les louanges effrénés de la Presse écrite (à part Denis Lalanne dans l’Équipe et son livre référence « Le Grand Combat du XV de France »).

Jusqu’aux années 70 on se souvient des noms des joueurs, de leurs « leaders », et seulement parfois des sélectionneurs quand certains joueurs subissaient leur ostracisme, pour des raisons de politique ou d’esthétisme, comme André Boniface, Moncla, Maso plus tard. A partir de Raoul Barrière et son armada biterroise, l’entraîneur devint le personnage clé de toute formation. Peu à peu, pas simplement en France, leur importance grandit, leur salaire aussi, et, les résultats devant suivre, la notion de plaisir (pour les joueurs comme pour les spectateurs) et de risque s’effaça devant ledit résultat. Puis vint le professionnalisme, concernant Top 14 et Pro D2, qui aggrava comme on peut s’en douter la situation.

Finies les agapes d’après-match où joueurs et supporters se mêlaient, buvaient un (?) coup ensemble, refaisaient le match ou préparaient le suivant, puis chantaient parfois a capella, autour des buvettes ou des cafés disponibles (à l’époque point de « Club House » que d’aucuns appelleront « Maison du Rugby »). Le « rugby cassoulet » est d’un autre temps, clament ceux qui dirigent notre sport : FFR bien entendu, responsables de club, journalistes de l’écrit ou de la télé… Il y a des sous en jeu il ne faut plus de saouls en semaine. Et bien non, Mesdames et Messieurs Tristes ! Le « rugby cassoulet » survit encore mais, bien sûr, il ne concerne que les divisions et séries « inférieures », inférieures dans hiérarchie, certes, mais pas dans l’esprit. Ce n’est pas une vue du passé mais une vie du présent. Nombreux demeurent les clubs pour lesquels la convivialité reste la base sur laquelle se bâtit la marque du club. Nombreux aussi sont les bénévoles qui s’efforcent d’inculquer et de pérenniser un état d’esprit loin des surenchères financières et de la gloriole médiatique. Bien sûr que la condition physique doit être surveillée mais le vécu collectif hors du terrain, même avec certains excès, vaut bien quelques séances de tableau noir.

Non au Rugby Tristounet ! Oui au Rugby Cassoulet ! Le premier disparaîtrait si l’argent devait faire défaut, le second y résisterait.

Pour ma part je ne fréquente pas les tribunes chaque  dimanche, mais je me partage entre 3 clubs, la liste n’étant pas exhaustive : Escou*(série), Aramits**(fédérale 2), Oloron (fédérale 1). Ce sont maintenant les fils – bientôt les petits-fils ! – d’anciens joueurs ou amis de ma génération qui portent les couleurs du club. Le bâton a bien été transmis. Quoi de plus enchanteur, alors, que d’entonner ensemble, quel que soit le résultat, des chants qui, eux aussi, traversent les générations.
* En 2017, reprise de cet article paru en 2013, Escou a rejoint la division Honneur.
** En 2017 Aramits joue en fédérale 3.

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