Réparties de campagne : épisode 2

Comme pour le précédent épisode, les scènes décrites ici ont toutes été vues ou entendues, il y a certes pas mal d’années, par divers villageois du canton.

L’histoire qui vient me fut racontée il y a déjà un certain temps. Elle est maintenant très connue et reprise même dans des journaux ou revues, sous une autre forme : au lieu des truites qui nous intéressent ici, il peut s’agir de tranches de foie gras ou de cuisses de poulet ou de fruits ….
Dans une auberge Marco et Toni s’attaquent au plat de poisson prévu. Arrivent ainsi sous leurs yeux deux truites de tailles différentes : pour simplifier, une grande et une petite.
Marco tend le plat à Toni : Sèrv-te ! (sers-toi !)
Toni glisse la grande truite dans sa propre assiette.
Marco : Totun ! Qu’es drin endavanthèit ! Que t’as pres la mei grana ! (Quand-même ! T’es un peu culotté ! Tu t’es servi la plus grande !)
Toni : Mes, quau averés pres si t’èras servit en prumèr ? (Mais, laquelle aurais-tu pris si tu t’étais servi le premier ?)
Marco : Plan segur, qu’averi pres la mei china. (J’aurais pris la plus petite bien sûr).
Toni : E lavetz, que l’as ! Qu’as a arronhar ? (Eh bien, tu l’as ! Qu’est ce que tu as à grogner ?)

Manuel, un célèbre braconnier de l’ancienne époque, survivait aussi grâce à quelques larcins dans les fermes. Un épais manteau de neige recouvrait la campagne béarnaise un jour où il se sentait traqué par la maréchaussée. Manuel, fatigué de courir pour échapper à ses poursuivants, désirait se reposer quelques heures dans une grange isolée inoccupée.
Il eut l’idée de pénétrer dans ladite grange en y arrivant … à reculons.
Si bien que le sens des traces de ses bottes dans la neige fit croire aux gendarmes que Manuel venait de quitter l’habitat depuis peu et ils s’éloignèrent du lieu. Notre héros put ainsi récupérer des forces à loisir dans le foin, pour quelque temps du moins.

Tohu-bohu dans le village car deux paysans, déjà quelque peu brouillés, Gustave et Romain, s’accrochent verbalement après que leurs charrettes pleines de foin se sont heurtées dans un étroit chemin, bloquant ainsi toute circulation. Aucun des deux ne veut effectuer la manœuvre de repli qui libèrerait le passage. Peu à peu les villageois attirés par l’esclandre entourent les deux protagonistes. Certains essaient de les raisonner ou au moins les calmer.
Annette s’approche de Gustave dans l’espoir de l’amadouer par quelques paroles de bon sens. Comme la situation n’évolue pas elle insiste.
Annette : Vam, Gustau, ne hès pas lo pèc ! Tira-t deu puisheu. (Allons, Gustave, ne fais pas l’imbécile ! Ecarte-toi de là)
Gustave : Tu, que’m poderàs parlar quan m’averàs tornat eth libe de geografia que m’avès panat a l’escòla, dab eths fluvis en blu e las vilas en roi. (Toi, tu seras autorisée à me parler quand tu m’auras rendu le livre de géographie que tu m’avais volé à l’école, avec les fleuves en bleu et les villes en rouge).
Cinquante ans après ressurgissait un vieux souvenir d’école.

De Dómé, un autre fameux braconnier, comme il en existait autrefois dans chaque village, on pourrait dresser un tableau abondant de ses faits (méfaits pour d’autres) et répliques fulgurantes.
Ainsi, pour échapper au garde-pêche, Dómé, qui, bien sûr, agissait sans permis et en dehors de la période autorisée, n’hésitait pas à disparaître dans l’eau profonde et marcher dans le fond du gave pour rejoindre l’autre rive et s’échapper. Le garde-pêche, au courant que Dómé ne savait pas nager, le crut-il ainsi plusieurs fois noyé … pour le retrouver, miracle, contrevenant quelques jours plus tard.
Le même Dómé, dégustait avec deux ou trois copains un poulet préparé par l’aubergiste, poulet bien entendu chapardé dans une ferme du village. Un des fils de cette ferme buvant un coup au bar dans la même pièce, Dómé eut le culot de l’inviter à partager avec eux leurs agapes, vantant de plus la qualité de leur repas.
L’hiver approchant, il arriva que Dómé se laisse volontairement prendre la main dans le sac afin de pouvoir séjourner et se réchauffer quelque temps en prison où on utilisait parfois ses talents de cuisinier.

Le médecin de famille s’inquiète auprès de son malade fumeur.
Le médecin : Vam, Firmin, qu’at voleri saber quant de cigarretas uei ? (Voyons, Firmin, j’aimerais savoir combien de cigarettes aujourd’hui ?)
Firmin : Per ma fé ! Ua sola cada còp ! (Ma foi ! Une seule à la fois !)

L’ami Victor se présente quelque peu éméché  devant une passerelle en bois, tremblante (un peu comme lui d’ailleurs), surmontant un ruisseau plutôt tranquille.
Tà estar segur de poder traucar shens càder hens l’aiga, que’m vau har ua pregària entà lo bon diu. (Pour être sûr de traverser sans tomber dans l’eau, je vais faire une prière au bon dieu).
Ainsi fut fait.
Mais un doute l’assaille.
Mes, si lo diable qu’ei lo mèste d’aqueth pont …. Qu’u vau pregar tanben. (Mais si le diable est maître de ce pont …. Je vais le prier lui aussi).
Ainsi fut fait, une deuxième fois (foi ?).
La passerelle franchie sans encombres, Victor se retourne vers elle :
E adara, que’v emmerdi tots dus ! (Et maintenant, je vous em…..tous les deux !)

Marches dans les environs d’Oloron

Mais qu’est-ce qu’ils peuvent donc pouvoir faire en Béarn après avoir connu la vie parisienne ?
Je ne reviens pas sur nos sorties « culturelles » (j’écris culturelles entre guillemets car pour certaines personnes l’adjectif a une connotation péjorative) décrites dans une précédente page intitulée « activités culturelles sur Oloron ». En avant pour les balades tranquilles (de durée maximale 3h)  autour de chez nous, avant d’aborder les randonnées de montagne.
Béarn des vallons, des coteaux, des plaines et des montagnes. Pays basque (Soule) voisin. Les sites abondent ainsi que les chemins qui les relient. Finis les sports de notre jeunesse : rugby, foot, pala, squash. Toujours pas commencés les ébats aquatiques : le montagnard nait sans palmes ni nageoires. Peu utilisés vélo et VTT, bien que le terrain s’y prête et que le nombre de pratiquants ne cesse de croître.
Il nous reste campagne, collines et pics à découvrir pedibus : marche, rando, raquette …. qui excitent nos sens dans tous les sens. S’en mettre plein la vue sans rien payer ; se laisser caresser les oreilles par les gazouillis, le tintinnabulement des clochettes, le frémissement des feuillages ; humer à tout va les parfums des prairies et des bois.

Les itinéraires de la plupart des marches ou balades tranquilles, en partant de chez nous, en toute saison, figurent dans le schéma joint où les échelles ne sont pas respectées.
[1] Tour classique passant par le Château d’Eau et traversant une partie du bois de Saint-Pée. Les rencontres de gens connus y sont fréquentes et rallongent la durée de la promenade, mais on aime ça. L’automne est propice à la cueillette des champignons dans ce trajet.
[2] Soum de Thès. Petite grimpette sur la fin. De là-haut, observation à 360°, au-dessus du village de Féas. En face la chaîne des Pyrénées, de l’autre côté le village souletin d’Esquiule. Sur les deux photos qui suivent, avec nos filles Aurélie et Séverine, on dira que le vent violent explique certaines grimaces du visage.

En haut de Thès

En route pour Thès
[3] Boucle passant par Oloron et Moumour. Quand le maïs a été coupé les pics d’Anie et d’Arlas se détachent au loin dans toute leur splendeur.
[4] Du Pont Noir au Pont de Féas en passant par le Pont Lavigne. Sous ces trois ponts s’écoule le Vert qui se jette dans le Gave d’Oloron à Moumour. Ce trajet est aussi celui de nos footings.
[5] Boucle autour d’Agnos (non marquée dans le schéma ci-dessous).
[6] Outre ces promenades que l’on peut démarrer de chez nous sans utiliser la voiture, il en existe bien entendu des tas d’autres dont le point de départ est plus éloigné et nécessite un transport en voiture : chemin entre Féas et Aramits, boucle autour de Précilhon, croix d’Escou (photos ci-dessous), promenade au-dessus de Lescun , boucle autour d’Accous ….

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Quelques vues (3) prises proches de notre habitation

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neige en Béarn le 26-02-2013 007

neige en Béarn le 26-02-2013 010

Trois autres vues lors de la boucle autour d’Escou : la croix, sur une hauteur dominant Escou et Escout, est visible depuis la RN 134, au niveau du passage à niveau d’Herrère

Mars et avril 2013 035 Mars et avril 2013 029 Mars et avril 2013 031

Cinquantenaires

1963-2013 Les médias ont principalement insisté récemment sur deux cinquantenaires : l’assassinat du Président Kennedy et la sortie du film devenu incontournable « les tontons flingueurs ». Avant de terminer par deux faits marquants plus personnels de l’ année 1963, j’ai parcouru les  événements de cette même année : ça abonde, je n’en signale que quelques uns !
En France, gouvernée par le tandem de Gaulle-Pompidou, je note la disparition, le même jour, d’Edith Piaf et Jean Cocteau, la création de la deuxième chaîne publique de télévision, la construction de la base de Mururora, les aventures de Thierry la Fronde (ta ta ta ta ta ta ta ta : c’est la musique du générique, que chacun a reconnue), les débuts de Barbara, le triomphe de Jacques Brel à l’Olympia, Juliette Gréco chante la Javanaise de Gainsbourg, la grève totale des mineurs du Nord et de Lorraine, la dernière exécution politique en France (Bastien-Thierry), la création du SLIL, organisme de censure concernant surtout radio et télévision (ça fait sourire maintenant mais pas alors)…
Ailleurs, car il y a un ailleurs qu’en France, je retiens l’arrestation de Mandela, l’invention de la souris d’ordinateur, la sortie des « Oiseaux » d’Hitchcock, la disparition du pape Jean XXIII (le préféré de ma maman), la Marche sur Washington et le « I have a dream » de Martin Luther King, le début de la Beatlemania, Julien Grimau exécuté (garroté) à Madrid…
De mon côté donc, deux chocs émotionnels, non comparables bien sûr dans leur intensité, en cette année 1963, concernant la famille et le rugby.
Décès de ma grand-mère paternelle (celle aussi de mes trois frères donc), première occupante, avec son mari, de notre habitation actuelle. Le couple provenait du village basque voisin d’Esquiule. Son histoire, pas banale, mériterait un détour : pourquoi pas dans un futur écrit ? Le dernier portrait qui suit date de la Toussaint 1962, dans les hauteurs de Féas.

Coucou Mémé, tu ne te doutais pas que ta photo serait diffusée 50 ans plus tard.
Pour la première (et dernière) fois, Mont-de-Marsan devient champion de France de rugby. La finale l’opposait au club voisin de Dax. À l’époque le Stade Montois était mon club préféré car en son sein jouait le fameux et inégalé duo des frères Boniface. Jeune, je m’identifiais à l’un d’eux, André, alors que mon frangin Alain penchait plutôt pour l’autre Boniface, Guy. On n’était pas loin de l’ idolâtrie, si bien que dans certains de mes brouillons d’école se superposaient des formules mathématiques et des caricatures de mon « dieu » rugbystique. Je ne résiste pas à l’envie de clôturer ces lignes en intégrant une photo d’André Boniface en pleine action. Certes cela change des portraits de Churchill ou de Gaulle ou Mandela ou Che Guevara… Mais même les gens ignorants (du) ou rebelles (au) rugby (se) doivent (d’) admirer l’élégance du personnage dont les seules armes étaient la vitesse, la vista et le ballon ovale. Quant aux initiés, qu’ils sachent que la photo est issue du n° 39 du Miroir du Rugby daté de juillet 1964. Hé oui, nostalgie, nostalgie …

Réparties de campagne : épisode 1

A la manière des brèves de comptoir, chères à Jean-Michel Ribes, relevées dans des cafés de la ville, les réparties impertinentes ou poétiques ou coquines ou inattendues (cumulable) foisonnent dans nos villages. Elles illustrent les histoires drôles, racontées en général par les plus vieux, au coin d’un bar, lors d’un repas ou d’une foire ….Ici, en Béarn, c’est surtout dans notre langue maternelle, le Béarnais (Gascon, Occitan … j’aurai sûrement l’occasion de revenir sur ces nuances d’appellation) que s’échangent ces anecdotes passées qui mettent en valeur d’anciennes gloires locales ô combien typiques et souvent théâtrales. Cette époque ne connaissait pas encore la concurrence de la télé et d’internet.
Ces échanges, réellement entendus par moi, pour certains, ou rapportés par des proches, sont d’abord répétés en Béarnais avant leur traduction française, en se doutant bien qu’une partie de la saveur de la réplique se volatilise lors de sa traduction, comme de fait lorsqu’on passe d’une langue à une autre, quelles qu’elles soient. Les prénoms ou noms cités ont été modifiés afin de ne gêner personne (je prends cette précaution comme si des milliers de personnes se risquaient à lire ce qui suit !).

Ambroise a l’habitude de fréquenter les deux bistrots du village : Estangat et Caillabus. Dans chacun d’eux une ardoise à son nom l’attend. Quittant un jour le café Estangat avec une nouvelle dette, il revient sur ses pas et interpelle la tenancière :
 » Margòt, poderès pas prestà’m dets liuras, permor non pòdi pas passar davant l’auta (Caillabus) shens béver un darrèr còp ! « 
Margot, ne pourrais-tu pas me prêter dix francs, car je ne peux pas passer devant l’autre sans boire un dernier verre !

Dialogue entre un notable connu et sa femme à propos  de cigarette.
La hemna :  » Tostemps aquera cigarreta en la boca ! « 
L’ómi :  » E on volerès-tu que me la hiqui ? « 
La femme : Toujours cette cigarette à la bouche !
L’homme : Et où voudrais-tu donc que je me la mette ?

A l’époque des commis de ferme, l’un d’eux se présente chez un paysan, Bernard, qui lui explique le fonctionnement de la maison et ce que serait son rôle. L’entrevue se déroule devant l’âtre de la cheminée fumante.  Le commis écoute sagement son possible futur patron, sans interruption ni interrogation, et pose en fin une question :
 » Lo huec qu’ei mieja vita, e adara, si bevèvam un cóp, Beñat ? « 
Le feu est une moitié de vie, et si on buvait un coup maintenant, Bernard  ?
Inutile de dire que l’affaire fut vite réglée.

Au bistrot du village, Ambroise et Félicien boivent leur café. Félicien est très en forme et monopolise  la parole depuis quelque temps, tout en tournant sa cuiller  dans la tasse, sans y avoir introduit de sucre.
Ambroise :  » Hiqua-t i sucre «  (Mets-toi du sucre )
Félicien continue de parler, en tournant sa cuiller.
Ambroise :  » Mes hiqua-t i sucre  » (Mais mets-toi donc du sucre)
Même situation : Félicien garde la parole et tourne sa cuiller dans la tasse.
Ambroise :  » Mes, perdiu, hiqua-t i sucre  » (Mais, nom de d…, mets-toi du sucre)
Félicien :  » Hiqua-t i tu, jo que n’ei pro  » (Mets-en toi si tu veux, moi j’en ai assez)

Un célèbre écrivain Oloronais du début du XXème siècle menait une vie tumultueuse, qui lui permit de  fréquenter artistes et intellectuels au-delà de notre région. Il s’introduisit même dans la sphère parisienne mais mourut jeune, à 52 ans. A une voisine qui s’étonnait de cette disparition précoce, le mari trouva une réponse imagée.
La hemna :  » Mes quin se morii ? « 
L’ómi :  » Com eth ceps, que s’ei poirit de la coda « 
La femme : Mais de quoi est-il mort ?
L’homme : Comme les champignons, il s’est pourri de la q…..

Activités culturelles sur Oloron

Voici quelques éléments de réponses aux personnes qui nous demandent si les sorties culturelles de Paris ne nous manquent pas et qui veulent savoir de quelle manière nous nous « cultivons » en Béarn et particulièrement sur Oloron.
– Il est évident que le Béarn, comme toute autre région de l’hexagone, n’offre pas le même choix de spectacles/expositions … que celui proposé en région parisienne (ou dans d’autres grandes métropoles), tant dans la variété des thèmes à l’affiche que dans la durée de leur représentation. Variété des thèmes car dans la même journée sur Paris on peut se choisir un film, un musée, une visite de monument ou de quartier… parmi une longue liste de sites. Bien sûr Oloron ne peut pas avoir la même prétention. Durée des représentations : toujours sur Paris, une pièce de théâtre, une exposition, un concert… peuvent rester à l’affiche plusieurs jours ou semaines en un même endroit et laissent à chacun(e) la possibilité de décider de son jour de visite. Alors qu’à Oloron il ne faut pas manquer la date de représentation, parfois unique.
-Enfin, trois remarques générales avant d’énumérer les moments et les lieux de culture sur Oloron.
* nous ne citons que les événements culturels auxquels nous avons assisté personnellement ces deux dernières années car il serait fastidieux de dresser un catalogue de toutes les manifestations passées dans la région.
* nous ne nous étendons pas non plus sur ce que nous avons vu ou entendu en dehors d’Oloron et des villages voisins, c’est à dire en Béarn ou Pays Basque : Pau, Monein, Biarritz, Araujuzon …
* nous excluons ici les spectacles en langue occitane (béarnaise), ce qui pourrait (devrait ?) faire l’objet d’un autre article,  qui me motivent fort, en tant que spectateur mais aussi parfois en tant qu’acteur.

La liste des principaux lieux déjà fréquentés : Espace Jéliote, Cinéma Le Luxor, Musée Révol, Théâtre La Chapelle, Espace Laulhère, Cathédrale Sainte-Marie, Mairie d’Oloron, Médiathèque, Salle Pallas.
Jéliote, natif d’Oloron, musicien/chanteur de la Cour de Mme de Pompadour. La Salle qui porte son nom, ouverte en mars 2001, offre une palette très large de spectacles pour tout âge, en particulier une programmation spéciale adressée au jeune public. Un abonnement annuel de 3 spectacles octroie une réduction pour tous les autres. La CCPO (Communauté de Communes du Piémont Oloronais) propose ainsi, entre les mois de septembre et de mai : théâtre, marionnettes, danse, musique, chanson, humour, nouveau cirque. Soyons un peu chauvin en insistant sur la qualité  des spectacles proposés et sur les surprises qui nous y attendent. En plus de celles de la CCPO la Salle Jéliote s’ouvre à d’autres représentations comme celles des groupes Nadau, Quetzal, Sensible (soirée caritative en faveur du Guatemala) … Également une projection-débat sur Louis Barthou. Chaque année le Festival de Jazz, Festival des Rives et des Notes, attire de plus en plus de monde, amateurs ou initiés, et certains groupes poursuivent ensuite sur Marciac, comme cette année Roberto Fonseca, Ibrahim Maalouf, Lars Danielsson…
Le Luxor, cinéma tenu par les frères Paris, s’efforce de présenter des films de genres variés pour séduire un public élargi, ce qui explique que sa fréquentation est pour ma part irrégulière. J’apprécie que la plupart des films étrangers sont projetés en version originale sous-titrée et que la date de leur sortie en salle n’est jamais trop tardive. Des séries nous sont parfois proposées, comme l’an passé avec une quinzaine du Cinéma italien, cette année une rétrospective de films tournés autour de l’œuvre d’Albert Camus. Quelques unes de ces soirées se terminent par des débats/discussions, comme avec des acteurs d’un film sur le Larzac.
Le Révol est une Salle qui expose les œuvres d’artistes souvent locaux : photographes, peintres, sculpteurs…
Au théâtre La Chapelle, pas toujours connu hélas de certains Oloronais, on apprécie le jeu de troupes locales, comme La Baraque, et la variété ou l’originalité des thèmes joués. Il peut s’agir de Brèves de Comptoir ou de pièces liées à la condition féminine.
L’Espace Laulhère est une ancienne usine de textile reconvertie en salle de concerts (Nadau) ou d’expositions : celles présentées par des Associations militantes comme Terre de Mémoires ou Femmes, luttes et résistance.
La Cathédrale Sainte-Marie, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, accueille de temps en temps des concerts classiques qui nous font profiter de sa majestueuse résonance. Des soirées autour des chants traditionnels sont aussi organisées, comme il y a quelques années avec la Pastorale Samaritaine.
Deux salles de la Mairie d’Oloron s’ouvrent régulièrement au public qui assiste à des conférences ou débats sur des thèmes très différents, comme ceux proposés par l’Association Trait d’Union et son cycle Culture d’Hiver. Pour la saison à venir : domestication du loup, réchauffement climatique, gaz de schiste ou gaz de schisme, la Retirada, les retables et le baroque… Une autre association, Transmetem, consacra l’année dernière une journée à  Xavier Navarrot, auteur béarnais de nombreuses chansons comme le fameux « Adiu Plana de Bedous ». Cette année le sujet sera Miquèu Grosclaude, Occitaniste contemporain. Des conférences de tout autre ordre sont organisées, par exemple sur Vaccins et Aluminium, Cuisine Méditerranéenne …
La Médiathèque d’Oloron, en foctionnement depuis 2010, dont la conceptrice, l’architecte Pascale Guédot, reçut en 2010 l’Équerre d’Argent, outre son magnifique point de vue sur la Confluence des deux Gaves, Aspe et Ossau, présente de temps en temps des expositions pointues : Louis Barthou (engagement et responsabilités politiques durant la première moitié du XXème siècle), Albert Camus, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance…
La salle Pallas, haut lieu des rendez-vous sportifs (hand et basket), reçoit aussi des groupes musicaux comme il y a quelques années les Quilapayun ou Escudéro (ce n’était pas hier). C’est aussi le lieu de rencontres/soutien à diverses causes comme la Corruda de Calandreta (Ecole Occitane) ou les Virades de L’Espoir.

Spectacles en plein air : bien sûr durant l’été surtout.
Durant le Festival de Jazz de juillet les concerts off se déroulent dehors autour de la Salle Jeliote. Chaque mardi de l’été, l’Anti Mites de Josiane Desloule propose des pièces et concerts en plein air, dans un cadre verdoyant aménagé avec goût. Des séances de cinéma en plein air se déroulent dans le cadre de Quartiers d’été, sans compter quelques représentations musicales lors des fêtes de chaque quartier oloronais.

Voici donc un aperçu des nombreuses possibilités « culturelles » sur Oloron, avec ses oublis, car la liste n’est bien entendu pas exhaustive. Et répétons que ne sont pas citées les manifestations culturelles hors Oloron, ni celles concernant la langue occitane.

Bande dessinée : le banquier et les autres

 Lo Shiulet (Le Sifflet) fut, entre les années 1988 et 1994, la revue trimestrielle éditée par l’Association Occitane de Paris : l’Estancada. Pour ma part, je participai à divers titres à la rédaction de la revue, tant en Français qu’en Occitan : essentiellement « lo bilhet de Miquèu » (humeur) et « Cap d’Esplinga e Cap d’Estèra » (dialogue sur l’Actualité entre deux personnages aux caractères et réactions différents).
Dans le numéro 18 du Shiulet (septembre-octobre-novembre 1992) je me lançai dans une bande dessinée « sociale »de deux pages, que je vous propose ici en v.o. ; la traduction vient en suivant.

1ère séquence : critique de l’ouvrier par les autres.
Le paysan : Les ouvriers, quand-même, ils sont bien heureux, bon Dieu ! Pas de responsabilité au travail, aucun souci de crédit, mais bien souvent en grève. Et ils peuvent se reposer chaque fin de semaine.
Le fonctionnaire : Quelle honte ! Quand ils bloquent les usines ils n’ont pas la conscience d’emm… les autres travailleurs. Et avec leurs syndicats ils se croient très forts.
Le commerçant : Quand ils ne sont pas en congé ils font la grève et en plus ils se saoulent bien souvent. Sûr qu’en plus ils font leurs courses chez Leclerc.
2ème séquence : critique du paysan par les autres.
L’ouvrier : Et les paysans qui osent faire tout ce bruit ! Ils paient peu d’impôt, ils ne connaissent pas la notion de solidarité, ils barrent les routes et maintenant, ils polluent, le Ministre l’a dit à la télé.
Le fonctionnaire : Pourquoi grognent-ils ainsi ? Ils ont tout ce qu’ils veulent à la maison : viande, légumes, fruits, œufs …. Ils devraient être bien heureux de pouvoir casser la croûte je ne sais combien de fois chaque jour, sans payer ! Et quand ils ne sont pas contents, ils cassent tout !
Le commerçant : Vous avez vu ces grandes machines ? Ils ont quand-même pu se les payer ! Ils ne sont pas à plaindre : quand ils ne touchent pas l’impôt sécheresse, ils touchent l’impôt inondation.
3ème séquence : critique du commerçant par les autres.
Le paysan : Et voilà les commerçants qui s’y mettent eux aussi ! Comparez un peu le prix du litre de lait chez nous à la ferme et celui du magasin. Vous verrez la différence.
Le fonctionnaire : Ils n’ont jamais cotisé et ils voudraient les mêmes droits que les autres ! Et on sait bien comment ils votent ! Et quand il y a une guerre, ils s’en sortent toujours bien…
L’ouvrier : Acheter une marchandise dix euros pour la revendre cent euros, ce n’est plus faire du bénéfice, c’est voler !
4ème séquence : critique du fonctionnaire par les autres.
Le paysan : Et les fonctionnaires ? Que font-ils du matin jusqu’au soir ? Téléphoner, déjeuner, ranger des papiers. Jamais pressés pour rendre service, mais toujours pressés pour réclamer une augmentation. Et en plus ils oublient notre langue maternelle.
Le commerçant : Ces feignants ! Ils ne se fatiguent pas beaucoup au bureau , et ils font le plein de vacances ! Et ils sont quand même payés s’ils tombent malades.
L’ouvrier : Tout le monde aimerait avoir leur sécurité de l’emploi …
5ème séquence : tous face au Banquier.
Tous : Mais si personne n’est content ici, à qui profite donc notre travail ?

Chants d’été en Béarn

Un point commun aux nombreuses manifestations estivales en Béarn, passées ou à venir (entre début juillet et début octobre) : elles se ponctuent toujours par des chants, principalement en Occitan, spontanés et le plus souvent a capella, improvisés autour des buvettes ; des cantèras inorganisées donc. A des chanteurs connus pour leur appartenance à un groupe confirmé se mêlent des individuels, des duos, trios, … habitués à pratiquer ensemble et se découvrant les uns les autres.

Quelques exemples de rencontres auxquelles, pour certaines d’entre elles, j’ai personnellement assisté ou participé, et d’autres à venir : foire au fromage d’Etsaut, journée portes ouvertes dans une cabane de berger, fête de l’agneau d’Escos, déplacée cette année au Stade de Saint-Pée d’Oloron, dégustation de Jurançon où les producteurs se regroupent lors de la fête patronale de leur village (Chapelle de Rousse, Monein, Cuqueron, Lasseube, Lucq de Béarn …), la garburade d’Oloron, hèsta de la husta (fête du bois) à Lucq, fête du maïs à Laas, fête du sel à Salies de Béarn, fête du fromage de Laruns … Au départ donc, des thèmes différents, associés à la promotion des productions locales avec systématiquement une mise en valeur des chants traditionnels mais aussi de chants plus contemporains, selon l’ouverture des interprètes.

Pour rester en Béarn, mais nous savons bien que cette pratique orale se retrouve aussi chez nos amis Souletins et Bigourdans, d’autres événements festifs sont l’occasion de «har petar la cantèra » entre amis, mais, cette fois, à l’issue de concerts ou prestations de tout ordre sur scène : fête du berger à Aramits, festival de Siros, Hestiv’Òc, Nadau à Lescun, Pagalhόs à Arzacq (quarantième anniversaire)…

Pour conclure, saluons la présence très active de groupes de jeunes des différentes vallées pyrénéennes dont le répertoire s’enrichit à chaque rencontre et ne se restreint pas à celui de son village ou de son entourage proche. Alors que des voix pessimistes continuent de se faire entendre quant à l’avenir incertain de « la lenga noste », parfois même chez certains de ses pratiquants, comme il est réconfortant d’observer le nombre toujours plus élevé de jeunes qui l’utilisent avec fierté. Le chant n’est certes pas le seul vecteur porteur mais il contribue à la découverte et au développement de la langue et de la culture occitano-béarnaise.

Adresses festives du Sud-Ouest à Paris

Dans ce qui suit nous indiquons les coordonnées (adresse et téléphone) ainsi que quelques caractéristiques de divers établissements de Paris, tenus par des natifs du Sud-Ouest, que l’Estancada et Camin Casa fréquentèrent à partir des années 85 et que certains fréquentent encore. La liste à venir se limite à nos connaissances personnelles car on ne peut pas parcourir tous les cafés parisiens et s’y installer durablement. En complément on peut se reporter au site de l’Association les Béarnais de Paris.
Pourquoi ce « répertoire » des restaurants du pays ? Certes pour la qualité de leur cuisine avec souvent des mets de nos régions, mais aussi pour la chaleur de l’accueil et leur ambiance, et, enfin, pour la liberté offerte de nous exprimer vocalement et musicalement. Il nous arriva (et arrivera) souvent de sortir guitare, accordéon et flûtes, jusqu’à des heures avancées de la nuit – du petit jour diraient les mauvaises langues – et ce en plein Paris, dans des arrondissements différents. Pour ma part, lors de chaque séjour dans la Capitale, je m’inflige la peine capitale : retourner dans l’un ou (et) l’autre de ces refuges où on se retrouve avec quelques amis de l’Estancada ou de Camin Casa, « tà har petar la cantèra, com au pais » (pour que la chanson explose, comme au pays).
Entrons donc dans l’antre de ces paradis musico-culinaires, sans ordre chronologique de préférence ou de qualité, mais tout simplement par ordre alphabétique.

Au Métro : 18 boulevard Pasteur (75011)  01 47 34 21 24

Tenanciers : Jean-Pierre et Christine Mourin (cette dernière native de Castillon, dans  les Baronies).
Fief du Stade Français, dont joueurs et dirigeants passaient la nuit après chaque finale du Championnat de France, Jean-Pierre fut même interviewé avec Peter De Villiers, pilier du XV de France, dans le cadre de l’émission « Jours de Rugby » sur France 2.
On y a naguère poussé la chansonnette avec les fameux Bandolets de Bigorre et leur leader Jean-Claude Viaud, un ami de la famille Mourin. Il n’est donc pas interdit de chanter au bar malgré la concurrence déloyale de la télé, le vendredi soir, avec souvent un match du Top 14.
De nombreuses photos de vedettes rugbystiques et de paysages pyrénéens ornent les murs du restaurant. Un des plats « maison » reste le porc noir gascon, friandise des habitués.

Express Bar : 23 rue du Roule (75001)   01 45 08 11 41

Le patron, Edouard Pagueguy, nous connaît depuis 1985, lorsqu’il tenait, avec son regretté frère Azté, le « Gaillon », boulevard Sébastopol. Ce sont des enfants d’Hasparren. Que de nuits agitées alors (dans le bon sens bien entendu), parfois jusqu’au petit matin, quand on était plus jeune cela va de soi. Nombreuses anecdotes parsèment ces virées, qui ne se racontent pas à l’écrit. Il peut encore arriver que Édouard refuse de nous servir à boire tant qu’on n’a pas attaqué la chanson.
Seul bar, à ma connaissance, où patron et serveurs font souvent plus de bruit que les consommateurs. Seul bar encore où le patron peut éteindre la télé à notre arrivée pour nous suggérer (le verbe est faible) de chanter, sans demander l’avis de la clientèle. Seul bar enfin qui possède les deux CDs de Camin Casa.
Pendant plusieurs années nous avons eu la chance de disposer gratuitement d’une salle de la Maison des Pyrénées Atlantiques (fermée depuis deux ans), située au 20 Avenue de l’Opéra, pour les répétitions de Camin Casa. Il n’était pas rare alors de terminer la soirée à l’Express en attendant le dernier métro du vendredi. L’entrecôte du chef et/ou la bavette à l’échalote y sont  encore particulièrement appréciées.

Le Gave de Pau : 147 rue de Charenton  ( 75012)  01 43 44 74 11

Yvette Canguilhem nous a reçus plusieurs fois entre 2000 et 2005 et on la retrouvait à l’Olympia lors des concerts de Nadau de 2000, 2005, 2010 et certainement lors du prochain, programmé le 10 mai 2014. Chez elle aussi il n’était pas interdit d’entonner les chants traditionnels et quelques unes de nos créations.

Le Grand Comptoir : 125 rue d’Alésia (75014)  01 45 42 18 37

L’ami Hervé, originaire de Biarritz, a pris la direction de ce resto cela doit faire cinq ans, aidé au début par Pierrot Lephaille, d’Esquiule. Tous deux avaient déjà travaillé ensemble au « Sud Ouest », dont nous parlons ci-dessous.
Très bon accueil là aussi, aussi bien avec les Provinciaux comme nous qu’avec les Parisiens vivant dans le quartier. Les soirées « Beaujolais nouveau » y sont particulièrement animées.

Le Sud Ouest  :  07 Avenue Niel (75017)  01 45 72 02 58

C’est Arnaud Etchenou, de Gotein, qui dirige ce restaurant. Autour du bar on peut observer de nombreuses photos d’anciennes gloires du rugby national, passées par là un jour. J’ai pu y croiser un soir le groupe Arraya de Didier Fois, en tournée en région parisienne et qui donna de la voix chez Arnaud en guise d’entrainement. Le « Sud Ouest » reste un point de rencontre pour les Basques et les Béarnais, entre autres, qui « montent » sur Paris pour le Salon de l’Agriculture ou à l’occasion d’un match du Tournoi, comme les Oloronais guitaristes (ex gloires du F.C.O.) Dédé Peyran, Roger Gracia, Patrick Martine.
C’est à l’issue d’un repas animé, réunissant les amis de l’Estancada et de Camin Casa, que, sur un coin de bar, nous décidâmes à quelques uns de partir à la recherche d’une Salle de répétition, afin de chanter plus régulièrement ensemble. Quelque temps après Sébastien Arrieux se mettait d’accord avec la Maison des Pyrénées Atlantiques et, pendant quelques années nous pûmes répéter le vendredi soir avant de conclure ce travail (car on ne faisait pas que festoyer) par notre deuxième CD, « Cap a Cap », en mai 2008.

Pour terminer, nous citerons deux autres établissements qui n’existent plus mais dans lesquels nos voix s’élevèrent maintes fois naguère, chez Colette et Jean-Pierre (de Larrau) à la Porte des Lilas et chez Agnès et René Lanardoune, au « Pyrénéen » des Olympiades du 13ème. Hélas Jean-Pierre et René ont disparu il y a quelques années mais nous n’oublions pas leur sourire accueillant et leur encouragement à en pousser quelques unes.

Vive le rubgy cassoulet

Alors que la nouvelle saison rugbystique est bien entamée, quelques commentaires personnels sur l’évolution de ce sport et l’engagement de certains d’entre nous à le suivre ou le servir.

Comme il paraît loin le temps où même l’Équipe de France ne disposait pas d’entraîneur, la tactique du jour étant élaborée par le Capitaine et ses lieutenants, de même philosophie en général, quelques jours seulement avant d’affronter les équipes britanniques. Lors de la fameuse Tournée de 1958 en Afrique du Sud le seul Serge Saulnier faisait office de sélectionneur-conseiller-soigneur peut-être, laissant au soin des Mias, Celaya, Moncla, Danos… la motivation et l’entraînement de leurs équipiers. Sûrement quelques primes de match en guise de salaire, du vin rouge et de la bière en guise de dopage. Et des joueurs victorieux (à la surprise générale) des gigantesques Springbocks, revenant au pays en toute humilité, sans les lumières des caméras et les louanges effrénés de la Presse écrite (à part Denis Lalanne dans l’Équipe et son livre référence « Le Grand Combat du XV de France »).

Jusqu’aux années 70 on se souvient des noms des joueurs, de leurs « leaders », et seulement parfois des sélectionneurs quand certains joueurs subissaient leur ostracisme, pour des raisons de politique ou d’esthétisme, comme André Boniface, Moncla, Maso plus tard. A partir de Raoul Barrière et son armada biterroise, l’entraîneur devint le personnage clé de toute formation. Peu à peu, pas simplement en France, leur importance grandit, leur salaire aussi, et, les résultats devant suivre, la notion de plaisir (pour les joueurs comme pour les spectateurs) et de risque s’effaça devant ledit résultat. Puis vint le professionnalisme, concernant Top 14 et Pro D2, qui aggrava comme on peut s’en douter la situation.

Finies les agapes d’après-match où joueurs et supporters se mêlaient, buvaient un (?) coup ensemble, refaisaient le match ou préparaient le suivant, puis chantaient parfois a capella, autour des buvettes ou des cafés disponibles (à l’époque point de « Club House » que d’aucuns appelleront « Maison du Rugby »). Le « rugby cassoulet » est d’un autre temps, clament ceux qui dirigent notre sport : FFR bien entendu, responsables de club, journalistes de l’écrit ou de la télé… Il y a des sous en jeu il ne faut plus de saouls en semaine. Et bien non, Mesdames et Messieurs Tristes ! Le « rugby cassoulet » survit encore mais, bien sûr, il ne concerne que les divisions et séries « inférieures », inférieures dans hiérarchie, certes, mais pas dans l’esprit. Ce n’est pas une vue du passé mais une vie du présent. Nombreux demeurent les clubs pour lesquels la convivialité reste la base sur laquelle se bâtit la marque du club. Nombreux aussi sont les bénévoles qui s’efforcent d’inculquer et de pérenniser un état d’esprit loin des surenchères financières et de la gloriole médiatique. Bien sûr que la condition physique doit être surveillée mais le vécu collectif hors du terrain, même avec certains excès, vaut bien quelques séances de tableau noir.

Non au Rugby Tristounet ! Oui au Rugby Cassoulet ! Le premier disparaîtrait si l’argent devait faire défaut, le second y résisterait.

Pour ma part je ne fréquente pas les tribunes chaque  dimanche, mais je me partage entre 3 clubs, la liste n’étant pas exhaustive : Escou*(série), Aramits**(fédérale 2), Oloron (fédérale 1). Ce sont maintenant les fils – bientôt les petits-fils ! – d’anciens joueurs ou amis de ma génération qui portent les couleurs du club. Le bâton a bien été transmis. Quoi de plus enchanteur, alors, que d’entonner ensemble, quel que soit le résultat, des chants qui, eux aussi, traversent les générations.
* En 2017, reprise de cet article paru en 2013, Escou a rejoint la division Honneur.
** En 2017 Aramits joue en fédérale 3.

Cantèras

Les cantèras sont vécues régulièrement depuis plusieurs années, sur Pau, un mercredi par mois, sous l’impulsion de l’Ostau Bearnais, au bar La Tireuse, dans l’esprit du chant traditionnel et spontané.

Traditions.
Le chant labouré puis semé, c’est indubitablement une tradition de l’expression béarnaise ; labouré et semé car transmis spontanément de génération en génération, sous des formes variables. Les occasions de se retrouver, parfois provoquées, mais parfois imprévues, sont multiples. Dans ces groupes qui se forment au gré d’une réunion ou manifestation, l’envie de chanter est en fait une manière de communiquer, un besoin de mieux connaître l’autre, sans hiérarchie musicale.
* Fêtes familiales , mariages…
* Fête annuelle du village, apéros divers…
* Buvettes après le match de rugby (peut-être d’autres sports concernés ?)
* Dégustations de Jurançon (mais je suppose qu’en Madiran on festoie de même) : Chapelle de Rousse, Cuqueron, Monein, Lasseube, Lucq…
* Autour des podium de Hestiv’Òc.
* Foire du 1er mai à Oloron.
* Foire au fromage d’Etsaut.
* Septembre en Béarn : Garburade d’Oloron, fête du sel à Salies, festival de Siros, fête des bergers à Aramits, fête du fromage à Laruns …
……………
But des cantèras.
Entretenir et développer cette tradition de chant a capella, même si quelques instruments de musique soutiennent parfois ces chants.
Regrouper des personnes souvent géographiquement éloignés mais dont l’envie de chanter est le point commun, et permettre à des groupes de chant par ailleurs connus de se mélanger à d’autres groupes ou à des anonymes.
Reprendre d’anciens chants presque oubliés et aussi en découvrir d’autres (chaque vallée a en général son répertoire propre).
Essayer de nouvelles créations : pourquoi pas ?

Organisation des cantèras.
On observe bien sûr des différences d’organisation d’un lieu à l’autre mais toujours dans le même esprit de convivialité et de participation. Personnellement je n’ai participé qu’à deux cantèras dans deux cafés : chez Chabanne à Oloron et à Louvie-Juzon, cafés aménagés en débarrassant tables et chaises. Boissons et casse-croûte disponibles au bar. Parfois des textes sont distribués, ce qui permet d’accompagner les initiateurs de la chanson du moment, même si les paroles ont été oubliées. Pas de programme fixé à l’avance : souvent ce sont 2 ou 3 personnes qui  entament un chant et ceux qui veulent entonnent avec eux. Au démarrage de la soirée on se rassemble par affinité ou connaissance puis, au fur et à mesure que la soirée avance les différents acteurs se mélangent et sympathisent. Bilan de la rencontre : votz fatigada mes plan contents d’estar vienguts ! (voix fatiguée, mais bien contents d’être venus ! )