Midol et le S.D.U.S. : première partie (1977 à 1979)

Correspondant du S.D.U.S. (club de rugby : Saint-Denis Unions Sports) à l’hebdomadaire toulousain du rugby Midi Olympique (Midol pour les habitués), de 1977 à 1995, j’ai conservé la plupart de mes articles. Au début leur parution était très fréquente car j’entretenais de très bons rapports avec le chef de la rubrique Île de France au Midol :  l’Ariégeois Jeannot Castelnau. On échangeait même des impressions sur les célèbres fêtes d’Esquiule et on se croisait au restaurant d’un autre enfant de la Soule, Pierrot Lephaille. Cette connivence favorisa donc la parution régulière de mes commentaires  et encouragea mes envies d’écriture. Peu à peu, au fil de la réorganisation du Midol et du départ de Castelnau, l’importance des correspondants locaux baissa d’un cran et les articles se raréfièrent sur la fin. Comme je relisais récemment ces « papiers » de naguère il m’a pris l’envie de faire revivre quelques uns des titres d’articles ou, à défaut, quelques commentaires qui se voulaient humoristiques. J’épargne au lecteur les articles plus « sérieux » ainsi que les statistiques dont j’étais coutumier à l’époque, en n’utilisant que la feuille et le stylo. Bien sûr ce qui suit risque de n’intéresser que des anciens joueurs et dirigeants de Saint-Denis. Pour ne pas alourdir l’ensemble ne figurent pas les dates de chaque écrit mais elles sont disponibles pour toute demande. Je précise simplement l’année de la saison qui correspond. Les caractères gras sont utilisés uniquement pour les titres des articles. Pour la raison évoquée plus haut les extraits relevés s’arrêtent à l’année 1983. Néanmoins la longueur de certains textes me pousse à partager  en deux parties cette revue d’articles : de novembre 77 à avril 79 (première partie) et d’avril 79 à mai 83 (deuxième partie).

Saison 77-78

Michel Rogel : le demi … bien frais de Saint-Denis
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Il s’agit du demi-de-mêlée du S.D.U.S., également responsable de l’Ecole de Rugby du club et plus tard entraîneur de l’équipe fanion.

Dans l’équipe II, qui est enfin sortie … de sa réserve, figurent les anciens équipiers premiers Mollet et Démery, qui savent étaler leur science du jeu et cacher leur âge.

Le calme … et l’espoir après les bouleversements.
Parmi les départs signalons celui, pour le Mexique, du capitaine de l’équipe I, Alain Berdot, emportant avec lui ses grigris … et ses chansons pas grises du tout.

A noter, en équipe II, la paire de demis la plus âgée (66 ans … à eux deux) et la plus myope (une paire de lunettes chacun, en dehors du terrain). Nous tairons le nom de cette charnière qui se refuse à grincer – 37 ans après on peut révéler qu’il s’agissait de Francis Añon et de votre serviteur.

Un entraîneur qui connaît la musique.
A St-Denis le rugby n’est pas la guerre mais demeure un jeu, avec les aléas que cela comporte. Aussi n’essaie-t-on pas de motiver les joueurs à l’aide de chants martiaux ou de musiques guerrières. L’entraîneur Dubrana, dont on savait déjà qu’il avait bon œil et bon nez, considère qu’il faut prendre le rugby par le bon bout de …  l’oreille. Ainsi, lors des minutes précédant une rencontre importante, il inonde le vestiaire de musiques choisies pour leur effet stimulateur , ce qui ne veut pas dire belliqueux, et leurs vertus de concentration.
Ainsi, lorsqu’un Dionysien pénètre sur le terrain, il ne fixe dorénavant que le SOL sans se soucier de l’adversaire, de l’état de la pelouse, ou de l’aMI de la tribune. Il se gale déjà des FAbuleux exploits à venir et SI, hélas, LA malchance est au rendez-vous, il sait DOminer sa rage et attendre les jours meilleurs.

Saint-Denis ou Cinq-Denis ?
Le chiffre 5 caractérise la saison du S.D.U.S. En fin de championnat le club se classe en 5ème position de sa poule à … 5 points des seconds (Viry, Lorient, Trignac), après avoir remporté 5 victoires à l’extérieur et concédé 5 défaites sur son herbe, la remontée au classement s’effectuant à partir du moment où le pack retrouva son 5 de devant au complet. Outre les équipiers Le Magouarou, D’hieux, Léger et Godet, qui ont participé aux 18 rencontres, un 5ème élément, René Ballin, n’a manqué qu’un seul match.

Fin du rugby hivernal. Place au rugby printanier.
Les bourgeons recroquevillés éclatant en ce printemps naissant préfigurent une mêlée, courbée sur son ouvrage, qui soudain libère un ballon d’offensive. Celui-ci rebondit de branche en branche, comme un message que chaque joueur se transmettrait. Parvenu en bout de ligne, il s’en revient vers ses créateurs, infirmant l’adage selon lequel un ailier prend « racine » dans sa solitude. Lorsqu’il s’égare dans quelque recoin de verdure pour y reprendre souffle, quelqu’un, toujours, le redonne en pâture à deux rangées de huit arbres alignés et dressés, avides de cueillir cette offrande ovale, formant au creux de leurs paumes un nid douillet et chaleureux. Une fois de plus le ballon a fait une touche.

Saison 78-79.

Un capitaine … neuf à Saint-Denis : le demi de mêlée Michel Rogel.
L’indéracinable talonneur Dédé Le Magouarou comptait passer la main (et le talon) cette saison. Mais tout un chacun espère que cette retraite ne se fera que progressivement, compte-tenu des indisponibilités passagères qui contrarient la stabilité du cinq de devant. Lui succède au capitanat de l’équipe fanion, le talentueux demi de mêlée numéro 9, Michel Rogel, au club depuis sa plus tendre enfance, éducateur de notre école de rugby, et dont la forme précoce de ce début de saison constitue un encouragement et un stimulant pour tous. Que chacun se rallie à ce nouveau panache flamboyant et ondoyant, aussi Breton que son prédécesseur.

Saint-Denis a D’HIEUX  pour lui et aussi JÉSUS.
On connaît la Basilique de Saint-Denis et ses tombeaux de Rois de France. On sait aussi que parmi les effectifs du S.D.U.S. figurent le pilier de l’équipe première D’Hieux, dont il ne faudrait pas croire qu’il multiplie … les pains sous la mêlée, et un dirigeant-joueur de la réserve, surnommé Jésus, 33 ans cette année justement, dont les miracles se font pourtant attendre.

Sur les 18 équipiers premiers déjà utilisés, 15 sont issus des juniors du club. Parmi eux, les 3 frères Solana (Luis, Serge, Didier), fils du trésorier Luis Solana, qui n’est donc pas avare pour fournir du matériel … humain au club.

Saint-Denis « new-look ».
Durant le long séjour de l’hiver le S.D.U.S. a quelque peu modifié son aspect, ce qui nous vaut de … nouveaux visages en son sein … de nid. Le départ à l’armée du capitaine (déjà !) et demi de mêlée Michel Rogel, respecté de ses partenaires et adversaires, permet l’incorporation de l’ancien ouvreur-droppeur Luis Solana.

Saint-Denis : les souhaits, en attendant les … suées de la reprise.
Longue période de repos forcé, en championnat, mais non à l’entraînement ; profitons de cette coupure pour émettre les souhaits usuels à l’orée d’une nouvelle année.
Au pilier D’HIEUX : mettre à genoux son opposant direct, au talonneur LE MAGOUAROU garder l’envie de dire :  » jouer au talon dans cette équipe, c’est l’pied ! « . Au pilier Daniel BALLIN : sortir, si le talonneur adverse abuse du trapèze, un … triangle d’interdiction. Au tracteur René BALLIN : ne jamais tomber en panne … d’aisance. Au 2ème ligne HANICOT : continuer l' »éducation » de ses jeunes coéquipiers. Au 3ème ligne DEMERY : se régaler de plaquages, encore et en … corps. Au n° 8 Serge SOLANA : renouveler, chaque dimanche, sa cueillette de ballons. Au junior BLAVY : persévérer dans l’apprentissage du jeu subtil de 3ème ligne. Au Basque GARCIA : retrouver l’usage de son épaule et … conserver sa « tchatche ». Au demi de mêlée ROGEL : ne pas avoir à souffler dans le ballon … ovale, pour le refroidir quand sa mêlée le lui livre trop chaud. A l’ouvreur Luis SOLANA : ne pas laisser tomber … ses coups de pied tombés. Au centre LEGER : ne pas déranger son père de soigneur pour un jet d’éponge. Au malchanceux LERAY : vite retrouver son style guilLERAY d’avant blessure. Au centre BAVIERE : réaliser des « scènes de chasse » fructueuses en terre adverse. A l’ailier TOMAIER : après sa grave blessure, retrouver un Tom … meilleur. Au rapide MALIVERT : considérer le repos forcé de ce long HIVER comme un moindre MAL. A l’arrière FILLOL : continuer de jouer l’anguille jamais prise par le filet adverse.
Aux jeunes GUILLOT, CARRIQUIRIBORDE, ROQUES, Didier SOLANA, RIPOLL, GAY : instrumenter de nouveau parfois en équipe I. A l’ancien Francis AÑON : servir longtemps encore d’exemple aux jeunes pousses. Au nouveau DOUMANJOU : se consoler bien vite de ses déboires du début de saison. A l’équipe réserve : sortir de sa …  réserve sur le terrain, avant de déguster une vieille … réserve hors du terrain. A l’entraîneur DUBRANA : recueillir enfin le fruit de ses efforts. A l’équipe junior : vaincre en s’amusant et s’amuser en apprenant.  A leur entraîneur RALUY : rester fier de ses poulains sur et en dehors du terrain. Aux jeunes de l’Ecole de rugby : bénéficier de la compétence et du dévouement  de leurs mentors. A leurs éducateurs ROGEL, LEGER frères, COULON : bénéficier de l’engouement et de l’enthousiasme de leurs jeunes élèves. Au Président Gérard BARREAU : retrouver peu à peu un XV fanion brillant comme il y a quelques lustres. A tous les accompagnateurs, dirigeants, supporters, bénévoles, à toutes et à tous : consolider l’esprit du club et prendre toujours plaisir à se retrouver.

A Saint-Denis les bons … contes font les bons amis.
Lors de son premier match contre Vierzon, Saint-Denis récita très mal sa leçon, apprise aux entraînements, et en perdit même parfois son latin : en quelque sorte une mauvaise Vierzon latine (20-26), si bien que peu de Dionysiens, fiers sont ressortis du terrain. Après cette défaite à domicile, et avant  le premier déplacement de la saison, l’entraîneur Dubrana décrète : « A Auxerre, on serre les rangs ! » puis « A Auxerre, chacun au ser … vice des autres, tous au ser … vice de chacun ». Aussi fut remportée une victoire (16-8) digne d’Auxerre … litz. Mais la semaine suivante, quel affront … Yerres nous fit en triomphant (0-10) au stade Auguste Delaune ! Et certain humoriste de conclure : « Aujourd’hui, Yerres, à deux mains, a su saisir sa chance ! ». Le dimanche d’après, changement de décor : finis les couacs dans l’harmonie dionysienne. Pas de canard non plus. Seulement quelques Sarcelles dans l’escarcelle (33-9). Le leader Coulommiers  reçu à Saint-Denis, avec la mention très bien n’y était pas venu pour « se la couler douce », au contraire des fromages du même pays. Commentaire entendu après le match : « A Coulommiers ça coule au mieux« . Si le club de La Charité en manqua un peu envers le S.D.U.S. (10-27) nul doute que sur son herbe Saint-Denis la lui rendra. Contre Nevers, seuls quatre coups de pied permirent de garder le contact (12-12) : une fois de plus « la botte de Nevers » a atteint son but. A l’issue de ce match les responsables du S.D.U.S. ne ver … sent plus dans la crainte, du fait des progrès enregistrés : Nevers, mine de rien, a servi de révélateur. Confirmation avec la venue de Châteauroux, battu (9-6). Il s’agissait pourtant d’un pacha de la poule, mais d’un pacha tôt roulé dans les mailles des filets dionysiens, desquels il ne put se dépêtrer. Enfin, sitôt la rencontre contre le S.C.U.F. terminée (12-14) et alors que fleurissaient déjà les supputations concernant les matches retours, on entendit une voix sage s’élever : « Foin de pronostics ! A chaque match S.C.U.F. …fit sa peine ! » Ainsi se termine la phase Aller et ses … aléas. Place au Retour … de manivelle.

A Saint-Denis le couloir … au pouvoir.
Michel Rogel absent quelque temps, Serge Solana, 3ème ligne centre de l’équipe, en devient le nouveau roi, en prenant … les rênes du capitanat. Plaque tournante du pack, du fait de ses prises de balle en touche et de ses qualités techniques dans le jeu, le grand Serge se trouve à présent investi des responsabilités d’organisation et de conduite du jeu. Nul doute qu’avec son frère Luis, promu demi de mêlée, il ne s’en acquite avec brio.

Rugby en famille à Saint-Denis.
Ces dernières années de nombreux tandems fraternels *  ont instrumenté en équipe fanion. Outre les célèbres frères August, Eric ** (présentement lieutenant de Bastiat à Dax) et Gérald, citons Jean-Claude et Michel Morlaès (cousins du Président actuel Montois), Francis et Alain Añon, Eric et Gérard Bavière, Jean-Pierre et Henri Speckens .., Cette saison, Daniel et René Ballin assurent la cohésion du cinq de devant, le capitaine Serge Solana opère avec son aîné Luis et son cadet Didier, et Claude Fillol, lors de ses relances de l’arrière, peut escompter retrouver son troisième ligne de frère Patrick.
Commentaires de 2014 :
*  dans les années 90 on vit aussi père et fils Hanicot (Claude et Christian) porter ensemble le maillot dionysien.
** quelques années après 1979, année de l’entrefilet ci-dessus, Eric August disparut prématurément. Ses fils connurent eux aussi une carrière remarquée, en particulier Benoît , talonneur du Stade Français puis de Biarritz, champion de France en plusieurs occasions avec ces deux clubs, International comme son père et actuellement entraîneur du Biarritz Olympique
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Saint-Denis : juniors en pointe, seniors mal en point.
Pour reprendre une formule connue, on peut dire qu’à l’issue de leurs poules respectives, les juniors du S.D.U.S. sont OK (3ème) et les seniors KO (8ème). Pour les premiers nommés voici un résultat fort encourageant quand on songe que nos jeunes étaient encore pour la plupart cadets l’an passé, dirigés par leur actuel mentor Roger Raluy.

Du fait de nombreux changements de joueurs l’équipe II  souvent improvisa dans sa composition cette année. Ainsi à Coulommiers dut-elle aligner une charnière de 75 ans d’âge (au total seulement) qui profita des bains de boue debout, qu’offrait la pelouse (!?), pour se refaire une cure de jouvence.

Terminons par des histoires plus militaires … à terre : après le départ pour l’armée du capitaine de la 1ère Michel Rogel, c’est au tour d’un cadre … de réserve, Tonio Gilliung, de revêtir l’uniforme. Souhaitons à chacun de pouvoir se libérer souvent le dimanche, afin de livrer d’autres batailles, avec d’autres chaussures au pied.

Après le rugby d’hiver, le rugby diver … tissant de Saint-Denis.
Comme chaque année, l’arrivée du printemps annonce l’éclosion du rugby dionysien. Éliminé de la suite du Championnat de France, le S.D.U.S. est engagé en Challenge Delaud avec Yerres, Plaisir et Finances. Contre ce dernier club, St-Denis l’a emporté (58-4), enfin libéré de toute contrainte, laissant libre cours à son imagination. De chaque coin de la pelouse éclatèrent les bourgeons de l’offensive, de chaque bande de terrain déferlèrent les vagues incessantes de l’allégresse et du rugby champagne, enivrant à sou … hait. Derrière la ligne blanche adverse furent déposés avec grâce 11 ballons aboutissement d’arabesques chatoyantes. Contre les Finances, le S.D.U.S. ne fut guère…  avare d’efforts et de réussite. Merci à la sympathique équipe visiteuse, dont la terrible 3ème mi-temps fait regretter sa prochaine disparition de 3ème division.

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