Camin Casa : commentaires sur CD 2 (première partie)

Même méthode que pour le CD 1 dont les deux parties ont été publiées le 14 février et le 22 avril 2019. Pour le CD 2 je divise aussi l’étude en deux parties : la première comprend les chansons numérotées de 1 à 8, la deuxième les chansons de 9 à 15.
Je recopie l’introduction toujours valable.
Dans ce qui suit j’apporte quelques commentaires sur les textes et les musiques (quand ils sont personnels), pour chaque composition : date et lieu du début de création  (de mémoire ou à partir de document retrouvé), parfois motivation d’écriture, quelques chiffres sur les répétitions, retour sur l’interprétation en public …  Pour étayer cela  j’ai retrouvé dans notre grange de nombreux documents en décembre 2018.
Ce deuxième CD a été enregistré au Studio Arbus de Pontacq (comme le premier) en mai 2008. La composition du groupe diffère pour deux raisons essentielles. La première du fait de la disparition de deux chanteurs de CD1, Constant Bergeras et  Joëlle Peyriller, auxquels nous rendons hommage dans la couverture du livret. La deuxième parce que 4 jeunes Béarnais « montés » à Paris pour le travail ont rejoint notre Association l’Estancada et par conséquent son groupe de chant Camin Casa. Les « nouveaux » : les frères Sébastien (voix et trompette) et Yannick Arrieux (voix), Jean-Pierre Bergé (voix et percus), Séverine Berdot (voix et flûte traversière), Sylvain Gayral (guitare) et Christian Maysonnave (voix, saxophone, clarinette et basse). Les autres interprètes déjà présents au CD 1 : Angèle Fourcade (voix), Graciela Villanueva-Berdot (voix et piano), Alain Berdot (voix et guitare), Philippe Labarère (voix), Gilles Gayral (voix  et flûte à bec), Michel Berdot (voix). Soit 12 intervenants.

1. Aimar (aimer).

Date et lieu : Au départ il s’agit d’un texte écrit en Français (pour le moment je n’ai pas retrouvé en quelle année) intitulé « j’ai conjugué le verbe aimer« . Je l’ai ensuite traduit et adapté en Béarnais, les débuts de cette traduction datant du 21 juillet 1992, à Saint-Pée, la version finale en août 92.
Thème : Il s’agit d’une description des relations amoureuses dans le cadre ô combien bucolique de la montagne toujours accueillante.
Résumé : Sovien-te’n suberbèra hada/Pitnavam sus l’èrba rasada/Cernats de mila flors perhumadas/La montanha èra tota nosta/Sus dus còs ligats en un sol/Los crums nodavan un linçòu/A mieitat esconut lo só/Lissava lièt de velós doç.
Souviens-toi superbe fée/Quand nous gambadions sur l’herbe rase/Entourés de mille fleurs parfumées/La montagne était toute à nous/Sur nos deux corps liés en un seul/Les nuages ont lié un drap/Et le soleil à moitié caché/Lissait un lit de velours doux.
Refrain : Qu’èi conjugat lo vèrbe aimar/Per tots los temps, per tots los lòcs/Qu’èi conjugat lo vèrbe aimar/Dab lo ton còs/Dab lo ton còr.
J’ai conjugué le verbe aimer/Par tous les temps, par tous les lieux/J’ai conjugué le verbe aimer/Avec ton cœur, avec ton corps.
Répétitions : 38 répétitions  pour »aimar », sur les 279 étalées entre 1991 et 2013.
Représentations : Les deux CD enregistrés par Camin Casa en 1996 et 2008 comprennent une trentaine de chansons. Les 36 apparitions sur scène se répartissent entre juin 1991 et décembre 2012. Ce sont essentiellement des textes du premier CD qui furent interprétés. On verra que seulement 6 appartiennent à CD 2.  

2. Apleguem-nse (regroupons-nous).

Date et lieu : Le début de la première version date du 07 juin 1989. Le titre provisoire était alors « té d’oc » (prononciation en Français). Car je suivis dans un premier temps la musique d’une chanson populaire du compositeur grec Théodorakis. Le titre se transforma vite en « aplegam » (regroupons) et cette chanson était destinée au départ au premier CD de Camin Casa en mai 1996. Mais comme nous ne voulions pas prendre le risque d’un conflit avec Théodorakis (droits d’auteur) nous avons envoyé à celui-ci une demande d’autorisation, rédigée, en Anglais, par Yves Salanave, en incluant dans la lettre les paroles de Camin Casa… Aucune réponse de Gréce nous parvenant, nous avons exclu la chanson du CD1. Pour le CD2 de 2008 (soit 12 années plus tard) j’ai donc proposé au groupe d’intégrer « apleguem-nse » (regroupons-nous) mais en changeant complètement la musique : Yannick Arrieux et Gilles Gayral furent à la base de ce nouvel air.
Thème : Nous avons conscience d’appartenir à un peuple déterminé à conserver sa langue et sa culture. Pour cela nous allons chanter et danser avec les fées réunies dans la prairie.
Résumé : Quan l’ausèth s’escapa deu nid/Non sauneja qu’a viatjar/Mes quan devien mei atjat/Que parla de tornar/Víver près de l’ostau.
Quand l’oiseau s’échappe du nid/Il ne songe qu’à voyager/Mais quand il vieillit/Il parle de revenir/Pour vivre près de chez lui.
Répétitions : Première place avec 94 répétitions, ce que l’on peut comprendre puisque la chanson fut envisagée sur les deux CD (à égalité avec « mon país qu’ei la montanha », texte figurant aussi dans les deux CD).
Représentations : En public « aplegam » puis « apleguem-nse » fut interprété 10 fois.
Le 09 novembre 1991 au Foyer PTT rue de Nantes pour une fête de l’Estancada. Le 28 mars 1992, encore rue de Nantes, pour le 4ème anniversaire du Shiulet, la revue trimestrielle de l’Estancada. Le 27 mars 1993, encore rue de Nantes, dans le cadre du 5ème anniversaire du Shiulet. Le 29 mai 1993, rue de Nantes, à l’occasion d’un concert commun avec « los deus remparts » de Navarrenx . Le 29 janvier 1994, rue de Nantes, pour une fête de l’Estancada et un débat sur l’ouverture du Tunnel du Somport. Le 07 mai 1994 sur la Place Saint-Louis de Choisy-le-Roi à l’occasion d’une brocante. Le 26 novembre 1994, rue de Nantes, lors de l’AG de l’Estancada. Le 25 mars 1995 à la Maison pour Tous de Noisy-le-Grand au cours de la Journée occitane organisée par l’IEO. Le 27 mai 1995, rue de Nantes, pour fêter les 10 ans de l’Estancada. Le 18 novembre 1995, rue de Nantes, pour une soirée cabaret organisée par l’Estancada.
Commentaire : Pour l’enregistrement du CD nous nous sommes partagés les interventions vocales. Mais le jour J Alain ne se sentait pas tout à fait à l’aise pour interpréter son couplet (le 3ème). Au dernier moment Gilles se dévoua pour le remplacer et quitter pour une fois sa flûte.

3. Cap a Cap (nòrd)  et 4. Cap a Cap (sud(tête à tête).

Date et lieu : Dans les brouillons retrouvés apparaissent deux lieux parisiens et deux dates éloignées concernant des successions de sonorités et des jeux de mots. En septembre 1985 face au Musée du Louvre et devant la librairie Pandenas du 5ème arrondissement en juillet 1990. Un premier refrain construit à cette époque fut heureusement abandonné plus tard (je n’ose pas le répéter ici).
Thème : De longue date intrigué par les similitudes des consonances entre plusieurs mots je décidai d’associer et de faire succéder ces mots de même sonorité sans autre lien entre eux.
Résumé : Puisque le texte ne raconte pas une histoire ou une description ou un témoignage il est difficile d’isoler un couplet plutôt qu’un autre. J’en choisis toutefois un caractérisé par la syllabe « au« .
Haut d’Aussau/Vau mau nau/Plau sus Pau/Cèu hastiau/Cauta aubada/Cau la sau/Taus nau sauts/De l’aulhada.
Le haut d’Ossau/Vaut un mal neuf/Il pleut sur Pau/Ciel répugnant/Chaleureuse aubade/Il faut du sel/Pour les neuf sauts/De la brebis.
Refrain : Cap a Cap/Man a man/Qu’ei la ronda deus sons/Cap a Cap/Man a man/Atau dansan los mots.
Tête à tête, main dans la main, c’est la ronde des sons. Tête à tête, main dans la main, ainsi dansent les mots.
Répétitions : 37 répétitions pour Cap a Cap Nòrd (nous manquons d’information pour « Cap a Cap Sud)
Représentations : « Cap a Cap » ne fut jamais chanté sur scène à ce jour.
Commentaire : Pourquoi deux versions pour ce chant, de mêmes paroles mais de musiques différentes ? Le groupe Camin Casa de l’époque était constitué de deux entités géographiquement éloignées. La version « nord » fut élaborée par les membres vivant en région parisienne. Yannick Arrieux m’assista pour la composition, essentiellement parlée. La composition de la version « sud » , plus musicale, concerne Sébastien Arrieux et Jean-Pierre Bergé au sud de la Garonne.

5. Lo monde arrevirat (le monde à l’envers).

Date et lieu : Sur plusieurs anciens brouillons retrouvés ne figurent ni date ni lieu des premières moutures. Mais comme j’utilise encore dans ces écrits l’écriture phonétique du Béarnais, j’en déduis leur ancienneté.
Thème : Le texte est l’adaptation, pour les paroles, d’une chanson de Paco Ibañez (en gardant l’air dans un premier temps) « el mundo al revés » –le monde à l’envers. Il s’agit du rêve d’un monde transformé utopique car à l’opposé (à l’envers) des réalités quotidiennes.
Résumé : Premier couplet de Paco Ibañez : Era una vez/Un lobito bueno/Alqué maltraban/Todos los cordellos. Il était une fois un gentil petit loup que maltraitaient tous les agneaux.
Premier couplet pour moi : Que i avè un dia, papà/Un brave labrit tot dóç/Qui èra sovent mau-métat/Per los sons motons tinhos. Il y avait un jour, papa, un brave labrit tout doux, souvent maltraité par ses moutons hargneux.
Dernier couplet pour nous, ressemblant fort à celui de Paco I : Ailàs tot aquò, mamà/Non l’èi jamei vís qu’un còp/Qu’èra quan saunejavi/Lo monde arrevirat. Hélas tout cela maman, je ne l’ai jamais vu qu’une fois, c’est quand je rêvais le monde à l’envers.
Répétitions : Un score intéressant : 55.
Représentations : Camin Casa a joué 3 fois « lo monde arrevirat » en public :  le 27 décembre 2008, en l’église du Départ d’Orthez, pour une soirée au profit de la Calandreta, l’école occitane ; le 19 septembre 2009, à Aramits, pour les 18émes rencontres vocales pyrénéennes et le 09 décembre 2012, à Monein, lors de la Route des chais du Jurançonnais, dans le domaine Gaillot.
Quelques uns d’entre nous l’ont également chanté après une finale de championnat de France de rugby, le 06 juin 2009, sur la Péniche « le Mistral » amarrée dans le Canal de Saint-Denis à deux pas du Stade de France. Le club de St Denis, le Sdus, nous avait proposé d’animer l’après match, avec la  collaboration des membres de ce club, tous anciens joueurs comme nous.
Commentaires : Dans un des tous premiers brouillons parcourus je relève un vers pas retenu par la suite, sur l’équipe de rugby bien connue d’Oloron, le FCO (prononcer fécéo) : FCO prumèr de pora (FCO premier de poule). Car à l’époque le championnat de France était constitué de multiples « poules » de huit clubs – ce qui confirme l’ancienneté de ces premiers brouillons. Et le FCO d’alors ne craignait pas d’affronter le rival palois mais aussi l’ogre biterrois.
Avant de devenir « lo monde arrevirat » le titre premier de la chanson fut « lo monde a l’envers« , par analogie avec celui de Paco I (cité plus haut).

6. Los tres motociclistas (les trois motocyclistes).

Date et lieu : Cette chanson se veut être une parodie (respectueuse) d’un tube de nos amis les Pagalhós (suu pont de Mirabel) où la jeune Catherine reçoit l’hommage de trois cavaliers. J’adapte la situation à notre époque en faisant intervenir trois motocyclistes. Je modifie également l’air de ce chant.
Comme pour tout texte plusieurs versions se succèdent avant d’aboutir à l’ultime. Pour « los tres motociclistas » l’évolution du texte s’étend entre janvier et avril 1997 en divers endroits de la région parisienne.
Thème : Amandine, qui dort sur la place du village (alors que Catherine lavait son linge sous le pont), est réveillée par trois motocyclistes intéressés par sa personne. L’un des trois l’emmène sur sa moto 750 sous prétexte de se ravitailler en gazoil. On ne revit plus jamais ni la 750 ni Amandine.
Résumé : Couplet 1 : A l’ombra de las platanas la bèra Amandina que dromilhava. Tres joens motociclistas s’estacan, lo cap drin partvirat.
La belle Amandine dormait à l’ombre des platanes quand trois motocyclistes s’arrêtent près d’elle, le cœur un peu retourné.
Couplet 4 : A l’ombra de las platanas ua mair desesperada  despuish que plorava. A l’ombre des platanes, depuis, une mère désespérée ne cesse de pleurer.
Répétitions : 43 occasions de répéter cette chanson.
Représentations : Aucune représentation en public pour « los tres motociclistas »
Commentaires : Le titre choisi à l’origine était « Amandina« . Mais je l’éliminai  pour deux raisons. D’une part parce que un prénom apparaissait déjà dans deux de mes textes, dans le CD 1 : Melina et Baptista et je ne voulais pas en rajouter un troisième. D’autre part, l’originalité de la chanson est l’intervention de motocyclistes, ce qui est peu courant dans la chanson béarnaise.
Graciela joua un rôle important dans l’arrangement de cette chanson.

7. Comunicacion (communication).

Date et lieu : « Comunicacion » est la seule chanson de ce CD 2 dont je n’ai pas écrit les paroles, la paternité revenant à Philippe Labarère, l’ami Moneinchon bien connu (habitant de Monein comme chacun sait). A l’époque il vivait à Paris, membre influent de l’Estancada et de Camin Casa, et écrivit ce texte un peu avant 2005. Dans l’optique d’un futur enregistrement j’encourageai Philippe à me fournir son œuvre. Pour la musique je m’inspirai de plusieurs airs connus que j’accommodai à ma sauce, morceau découpé en 3 parties musicales. La dernière version date du 18 juillet 2006, certainement en Béarn.
Thème : La chanson traite des relations, voire des conflits, entre différents âges : papy et mamie, l’écolier et son père face aux résultats, la cuisinière et sa tablée …
Résumé : Des six couplets présents (durée totale : 4 min 06) j’isole le deuxième.
Quan lo vielh tornava hart/Hens la solharda en s’espatarar/Que i avè mus a casa/Eth temps de har ua analisa/E dab un gran cóp d’escoba/La mair-grana que hasè proba.
Quand le vieux revenait bien saoul/Et s’étalait dans la remise/On lui faisait une drôle de tête à la maison/Le temps de faire une analyse/Et à grands coups de balai/Grand-mère faisait de la poussière.
Refrain : E permor qu’at sabè/La coda en darrèr/Lo car qu’arroganhè/Capvath de l’escalèr.
Et parce qu’il le savait/La queue en arrière/Le chien grognait/Caché sous l’escalier.
Répétitions : 26.
Représentations : Aucune représentation en public pour « comunicacion ».

8. Canta beròja (chante la belle).

Date et lieu : C’est en juillet 1977, sur Paris puis en Béarn que « canta beròja » vit le jour et s’épanouit. Les feuilles disponibles prouvent l’ancienneté de la chanson car l’écriture utilisée est encore phonétique, par exemple le titre : « cante berroye« .
Thème : La chanson évoque les diverses étapes de l’histoire d’un couple, avec entre autres la première rencontre, la séparation et les retrouvailles.
Résumé : Je cite simplement le premier vers de chacune des huit parties.
S’èm encontrats, s’èm coneguts, s’èm embrassats, s’èm aimats, s’èm pelejats, s’èm separats, s’èm regrettats, s’èm retrobats.
On s’est rencontrés, connus, embrassés, aimés, disputés, séparés, regrettés, retrouvés.
Refrain : Canta, canta, canta beròja/Canta, canta, dinc a doman/Canta, canta, canta, beròja/Canta, canta, dinc au matiau.
Chante la belle/Chante jusque à demain/Chante la belle/Chante jusqu’au matin.
Répétitions : On atteint le bon score de 47.
Représentations : Aucune prestation en public pour »canta beròja ».
Commentaire : Le dernier couplet décrit la situation réelle que j’ai vécue avec Hélène, c’est à dire des retrouvailles, après quelques années, un jour de marché, en traversant la rue (mais oui).
S’èm retrobats
 quèra dia de mercat/Lo camin que l’avem tots dus traucat.
Nous nous sommes retrouvés un jour de marché/Nous avons tous les deux traversé le chemin.


 Les 7 autres chansons du CD 2 font l’objet de la deuxième partie de l’étude.

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